mustapha amal 
La 45ᵉ édition du Salon International du Tourisme (FITUR) de Madrid, qui se déroule du 22 au 26 janvier 2025, illustre une fois de plus l’importance stratégique de cet événement pour le secteur touristique mondial. Avec la participation active de l’ONMT avec, à sa tête, son nouveau DG Achraf Fayda dont c’est la première sortie salonique d’envergure et d’une délégation marocaine composée de 180 professionnels entre agences de voyages DMC, hôtels, CRTs, etc, le Maroc affiche clairement ses ambitions de renforcer son attractivité sur les marchés internationaux, et plus particulièrement sur le marché espagnol. Cette démarche, bien que saluée, mérite une évaluation de sa portée réelle.
Bien entendu, la présence marocaine au FITUR, sous la houlette de l’ONMT, s’inscrit dans une dynamique offensive visant à consolider les flux touristiques en provenance d’Espagne. Avec un pavillon mettant en lumière dix régions du Royaume et un focus particulier sur Tanger et Errachidia, le Maroc déploie une stratégie qui allie promotion de la diversité géographique et culturelle à une volonté de ciblage précis. Cette approche est soutenue par une montée en puissance des liaisons aériennes, notamment vers des destinations émergentes comme Dakhla, renforçant ainsi l’accessibilité et l’attractivité du territoire.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une augmentation de 16 % des touristes espagnols en 2024, représentant un total de 3,5 millions de visiteurs, et une hausse de 20 % des capacités aériennes pour l’hiver 2024-2025. Ces performances traduisent certainement l’efficacité des efforts déployés par l’ONMT conjuguée à celle des professionnels, particulièrement les agences de voyages DMC, tout en soulignant l’importance du marché espagnol, deuxième contributeur en termes d’arrivées après la France. Cependant, cette dynamique pose la question de la capacité du Maroc à absorber cette croissance en termes d’infrastructures et d’expérience client.
L’un des aspects les plus marquants de la participation marocaine à ce salon est sans conteste la conclusion de partenariats stratégiques avec des acteurs bien vus du tourisme ibérique et international. Les accords signés avec la CEAV (Espagne), l’APAVT (Portugal) et la FAAV (Andalousie) démontrent une vision invest de l’ONMT : s’inscrire dans une logique de long terme en consolidant les relations avec des réseaux influents. Ces collaborations, qui incluent l’organisation de congrès et d’événements au Maroc, sont autant d’opportunités de positionner le Royaume en destination incontournable pour le tourisme d’affaires et de loisirs.
De plus, les partenariats avec des plateformes mondiales comme Expedia, TripAdvisor, ou encore des tour-opérateurs ibériques tels qu’Avoris et Luxotour, impliquent une volonté de modernisation et de diversification des canaux de distribution. Cependant, la véritable mesure de ces initiatives résidera dans leur capacité à générer des résultats concrets en termes de réservations et à fidéliser une clientèle toujours plus exigeante.
L’anticipation des événements majeurs à venir, tels que la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030, confère à la stratégie de l’ONMT une dimension prospective. Les collaborations avec Africa Morocco Links ou Balearia, ainsi que les efforts pour développer des liaisons maritimes et aériennes, traduisent une volonté de préparer le terrain pour ces échéances sportives. Néanmoins, le succès de cette approche dépendra de la capacité du Maroc à offrir à temps des infrastructures de qualité, une logistique fluide et des services adaptés pour répondre aux exigences des visiteurs internationaux.
Si la participation marocaine au FITUR 2025 illustre une stratégie ambitieuse et bien orchestrée, plusieurs défis subsistent. Tout d’abord, la capacité à diversifier les offres touristiques pour aller au-delà des destinations classiques reste un enjeu majeur. L’accent mis sur des régions comme Errachidia est une initiative certes louable, mais nécessitera quand même des investissements significatifs en termes d’infrastructures d’accueil et de promotion ciblée pour garantir leur attractivité.
Ensuite, l’augmentation des flux touristiques doit être accompagnée d’une gestion conséquente, notamment en termes d’impact environnemental et social. La surfréquentation de certaines destinations, comme Marrakech ou Tanger, pourrait nuire à l’expérience des visiteurs et à l’image du Maroc sur le long terme, provoquant le syndrome de Barcelone. Enfin, la concurrence régionale, notamment avec d’autres destinations méditerranéennes, impose une différenciation claire et une communication ciblée.
Reste à dire que la articipation marocaine au FITUR 2025 reflète une stratégie proactive et bien pensée, visant à renforcer le positionnement du Maroc comme une destination touristique incontournable. Les efforts déployés par l’ONMT, combinant promotion internationale, partenariats stratégiques et anticipation des grandes échéances, témoignent d’une vision claire et ambitieuse.
Mais malgré ces avancées, certaines disparités régionales subsistent dans la répartition des touristes espagnols au Maroc. Certaines bénéficient d’une fréquentation accrue tandis que d’autres peinent à attirer les visiteurs. Cela souligne la nécessité d’une approche ciblée pour maximiser le potentiel touristique du marché espagnol.
Encore que le renforcement des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne, ainsi que la réouverture des frontières maritimes, ont également contribué à cette dynamique positive. Notre destination doit continuer à développer ses stratégies marketing pour mettre en avant ses atouts uniques, tels que sa diversité culturelle et ses paysages variés.
En somme, le marché espagnol est d’une importance stratégique pour le tourisme marocain. La croissance continue du nombre de visiteurs espagnols offre au Maroc une opportunité précieuse pour renforcer son positionnement sur la scène touristique internationale en tant que belle destination attractive et stable en pleine métamorphose .
