Certes , le tourisme marocain connaît une croissance exceptionnelle, avec des records d’arrivées et des recettes en hausse constante. Du pain béni…
Or, cette réussite se heurte à une réalité inévitable: les infrastructures touristiques et aéroportuaires, notamment dans des villes phares comme Marrakech, Agadir, Tanger et Tétouan, atteignent leurs limites. Cette saturation menace non seulement la qualité de l’expérience touristique, mais aussi la pérennité de la croissance économique régionale. Comment en sommes-nous arrivés là, et quelles solutions peuvent être mises en œuvre pour éviter une crise majeure ? Une croissance touristique en avance sur des infrastructures limite limite…
Recap: Le Maroc a accueilli près de 17,4 millions de touristes en 2024, dépassant ainsi les objectifs fixés pour 2026 . Cette performance s’explique par une stratégie de promotion certes efficace, une connectivité aérienne renforcée et une diversification des marchés émetteurs. Revers de la médaille, cette réussite masque un problème structurel : les infrastructures actuelles ne sont pas en mesure de supporter une telle affluence. Qu’on l’admette ou pas !
Les aéroports de Marrakech, Agadir et Tanger, déjà saturés, peinent à absorber le flux croissant de visiteurs. Pourtant, des projets d’extension, comme ceux de Sidi Zouine (Marrakech) et Benslimane (Casablanca), restent en suspens. Rabat, quant à elle, risque également de faire face à une saturation imminente. Cette situation soulève des questions sur la capacité de l’Office National des Aéroports (ONDA) à anticiper auparavant les besoins futurs, malgré son statut d’actionnaire unique de l’État. Quoique la nouvelle stratégie d’extension déclinée seulement cette ait quelque peu sauvé la face…
Au-delà des aéroports, le transport touristique terrestre et l’hébergement touristique sont également sous tension. Les routes reliant les principales destinations touristiques sont souvent congestionnées, tandis que les établissements hôteliers et de restauration peinent à répondre à la demande, notamment pendant les périodes de pointe. De nombreux hôtels sont encore fermés pour rénovation, réduisant ainsi l’offre disponible et augmentant la pression sur les établissements opérationnels .
Cette situation met en lumière un manque de coordination entre les différents acteurs du secteur. L’absence toujours handicapante d’un Conseil Supérieur du Tourisme et d’un Comité de Pilotage Touristique centralisé complique la prise de décision et la mise en œuvre de projets structurants. Les feuilles de route 2023-2026, bien qu’ambitieuses, ne couvrent que huit régions sur douze, et les délais de réalisation des projets semblent déjà compromis .
Il faut se rendre à l’évidence : la lenteur des processus administratifs et la complexité des procédures d’autorisation constituent un autre obstacle majeur. Les lignes de crédit pour les projets touristiques sont certes validées, mais leur mise en œuvre prend du temps, en raison d’un manque d’effectifs experts et de retards dans les décisions. Cette situation rappelle les bilans mitigés des visions 2010 et 2020, où les retards dans l’exécution des projets ont limité leur impact.
Le climat des affaires souffre également de cette lenteur administrative. Les investisseurs, tant nationaux qu’internationaux, se heurtent à des délais interminables pour obtenir les autorisations nécessaires. Cette inefficacité risque de décourager les acteurs privés, pourtant essentiels au développement du secteur touristique.
Pour surmonter ces défis, une refonte de la gouvernance touristique s’impose. La création d’un Conseil Supérieur du Tourisme et d’un Comité de Pilotage centralisé permettrait de mieux coordonner les efforts entre les différents intervenants. C’est à prendre ou à laisser…
Par ailleurs, une accélération des projets d’infrastructure, notamment les extensions aéroportuaires et les améliorations du transport terrestre, est indispensable pour répondre à la demande croissante .
Enfin, il est capital de renforcer la formation des professionnels du secteur et d’encourager l’innovation dans les services touristiques. Une meilleure gestion des périodes de pointe, grâce à des solutions digitales et à une planification stratégique, pourrait également contribuer à réduire la pression sur les infrastructures existantes.
Épilogue. Le Maroc se trouve à un carrefour stratégique. La croissance exceptionnelle du tourisme offre une opportunité unique de renforcer l’économie nationale et de créer des emplois. Cependant, cette réussite ne sera durable que si les défis infrastructurels et de gouvernance sont rapidement surmontés. En agissant dès maintenant, le Maroc peut non seulement éviter une crise de saturation, mais aussi consolider sa position de leader touristique en Afrique et au-delà.
La balle est dans le camp des décideurs : il est temps de passer des paroles aux actes pour garantir un avenir prospère au tourisme marocain.