Jeudi 3 juillet 2025, un Airbus de la compagnie espagnole Vueling s’est posé pour la première fois sur le tarmac de l’aéroport international Essaouira-Mogador. Le lancement de cette nouvelle desserte bihebdomadaire Barcelone–Essaouira a été très bien accueilli par les professionnels de la Cité des Alizés. Barcelone, hub principal, est à la fois un centre émetteur de touristes à fort pouvoir d’achat et une plateforme de correspondance efficace vers l’Europe du Nord. Pour Essaouira, ce pont aérien vers la Catalogne offre une double opportunité : capter une clientèle hispanophone fidèle aux courts séjours de charme, et capillariser l’offre marocaine à travers des connexions indirectes via l’aéroport El Prat.
Deux fréquences hebdomadaires -jeudi et dimanche- avec des horaires optimisés pour les courts week-ends ou les séjours étendus, sont largement satisfaisantes. Le vol dominical, matinal, permet par exemple aux visiteurs espagnols de profiter de l’intégralité d’un long week-end sur la côte marocaine.

Cette ouverture s’inscrit dans une dynamique ascendante remarquablement soutenue par l’aéroport Essaouira-Mogador. Selon les autorités de l’aéroport, le trafic passagers a bondi de 28 % au premier semestre 2025, un chiffre impressionnant pour une infrastructure régionale. Déjà en 2024, une progression de 30 % avait été enregistrée sur les six premiers mois. Ces performances font d’Essaouira l’un des aéroports secondaires les plus dynamiques du royaume, en contraste avec des hubs plus établis où la croissance est souvent plafonnée.
Avec une dizaine de destinations internationales, principalement vers la France (Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux), la Belgique et maintenant l’Espagne, l’aéroport Mogador renforce sa vocation de porte d’entrée sélective vers le Maroc authentique, à l’écart des grandes masses touristiques.
Ce développement est la résultante d’une stratégie de fond élaborée par les acteurs locaux et nationaux. Le Conseil provincial du Tourisme, par la voix de son président Redouane Khane, insiste sur le rôle de cette liaison dans la reconfiguration du tourisme local : « Cette nouvelle ligne avec Barcelone est un levier d’amplification de notre fréquentation européenne, mais aussi un symbole de la montée en gamme d’Essaouira. »
L’Office National Marocain du Tourisme, de son côté, soutient activement ces connexions ciblées qui répondent aux nouvelles logiques de voyage : courts séjours, recherche d’authenticité, accessibilité directe. La signature de nouveaux accords avec d’autres compagnies low-cost pour ouvrir des liaisons avec Nantes et Séville dès octobre 2025 confirme cette volonté de densification maîtrisée de la desserte européenne.

Ville-monde depuis sa fondation, carrefour d’influences portugaises, juives, berbères et africaines, Essaouira avec sa médina classée UNESCO depuis 2001 renforce chaque année sa capacité d’accueil, tout en veillant à ne pas céder aux logiques de tourisme de masse.
Le cap symbolique du million de visiteurs franchi en 2024, avec une clientèle fortement européenne (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne), confirme que la demande pour un tourisme lent, patrimonial et musical (notamment autour du Festival Gnaoua) reste forte. Et la liaison avec Barcelone, capitale du design et de la culture urbaine, entre en résonance directe avec cette image.
À moyen terme, cette stratégie pourrait inciter d’autres compagnies, y compris régulières (comme Iberia ou Transavia), à considérer Essaouira au-delà des logiques estivales ou événementielles.
En articulant patrimoine, accessibilité, authenticité et innovation, Essaouira ne suit pas la tendance : elle la redéfinit. Et ce, un vol à la fois.




