mustapha amal 
Dans le hall élégant du Hyatt Regency Casablanca, le parfum discret du bois ciré se mêle aux effluves d’herbes fraîches et de tomates longuement mijotées. Du 25 septembre au 4 octobre, cet hôtel à l’historique flatteur se transforme en escale italienne, portée par l’énergie créative du talentueux Fabio Fioravanti, chef romain au parcours cosmopolite, dont la cuisine raconte autant les paysages de son enfance que les expériences acquises dans les grandes maisons de la gastronomie mondiale.
À première vue, Fioravanti a tout du chef étoilé classique : allure sobre, gestes précis, vocabulaire truffé de références au terroir et à la saisonnalité. Mais son histoire échappe aux clichés. Autodidacte, il s’est frayé un chemin dans un univers où les places sont chères, en multipliant les expériences auprès des meilleurs. On le retrouve au Louis XV-Alain Ducasse à Monte-Carlo, haut lieu de perfection culinaire où chaque détail, du pli d’une raviole à la brillance d’une sauce, est sujet à débat.
Cette école de l’exigence a forgé ce chef à la fois rigoureux et inventif. De Doha à Venise, il a dirigé des brigades et piloté des projets de transformation gastronomique, toujours avec l’obsession de faire dialoguer la tradition et le contemporain. Aujourd’hui, il orchestre l’ouverture du Thompson Hotel à Rome, signe que sa ville natale continue d’habiter son parcours.
Au Hyatt Regency, Fioravanti offre un voyage dans la mémoire culinaire de son pays. À la carte, des plats qui semblent simples mais révèlent, à la dégustation, une architecture subtile :
-une burrata crémeuse escortée d’huile d’olive nouvelle, qui évoque les Pouilles en été ;
-un risotto au safran travaillé avec une légèreté presque aérienne, hommage à Milan ;
-et des desserts où l’amertume du cacao s’équilibre par la douceur des fruits méditerranéens.
Chaque menu est une promenade de région en région, entre la rusticité généreuse de la Toscane et la finesse vénitienne. Ce qui frappe, c’est la précision. En effet, les produits sont choisis avec une attention maniaque, qu’il s’agisse d’un parmesan vieilli trente mois ou d’un vin issu d’un petit domaine du Frioul.
Casablanca, longtemps perçue comme une ville d’affaires où la gastronomie peinait à rivaliser avec Marrakech, connaît aujourd’hui une mutation. Les hôtels de luxe multiplient les initiatives pour séduire une clientèle cosmopolite, avide de découvertes. Dans ce contexte, le Hyatt Regency se distingue par l’organisation de semaines thématiques, véritables passerelles culturelles. Après le Vietnam, place à l’Italie et demain, peut-être, au Pérou, au Japon ou à l’Afrique subsaharienne.
C’est pour dire que ce choix traduit la conviction de manger, c’est voyager sans prendre l’avion. Et dans notre grande métropole internationale contemporaine où les cultures se croisent depuis toujours, la gastronomie devient un vecteur d’identité et de rayonnement.
Assis face aux grandes baies vitrées du Hyatt, qui ouvrent sur la frénésie du boulevard Houphouët-Boigny, on est transporté ailleurs. Le service rythmé, le ballet des assiettes, les arômes précis racontent une Italie intime, loin des clichés touristiques. On se surprend à écouter Fioravanti parler de sa grand-mère romaine, de ses premiers marchés au Campo de’ Fiori, de la manière dont chaque région italienne vit sa cuisine comme un dialecte culinaire.
La semaine gastronomique italienne devient alors un récit à la première personne, où un chef livre des fragments de sa mémoire et de sa culture à travers ses plats.
Assurément , en invitant Fabio Fioravanti, le Hyatt Regency Casablanca signe une opération de prestige tout en inscrivant la ville dans une dynamique nouvelle, où la gastronomie devient un lieu d’échange, de sophistication et de découverte. Et pour ceux qui franchiront les portes de l’hôtel durant ces dix jours, la promesse est claire de goûter à l’Italie, sans quitter Casablanca, mais en voyageant bien au-delà de la table.
