FIT Casablanca: Les perspectives de 2030 avancent à grands pas

Le Forum Interactif du Tourisme de Casablanca-Settat, tenu le 15 octobre 2025 dans sa troisième édition, a sans doute été une étape de plus dans la réflexion stratégique autour du positionnement touristique de la plus grande région économique du Maroc. Organisé par le CRT Casablanca-Settat en partenariat avec Casa Events & Animation, l’événement a réuni un panel représentatif d’acteurs publics, privés et académiques, venus débattre des actions concrètes permettant de transformer la région en métropole touristique moderne, attractive et compétitive à l’horizon 2030.

Sous la modération rigoureuse et inspirée de Mustafa Mellouk, journaliste, producteur et président de SIGMA Media Group, le Forum s’est distingué par la qualité du débat et la clarté des échanges. Mellouk a su, par un questionnement précis et une animation fluide, transformer la rencontre en véritable atelier de stratégie participative, donnant la parole aux décideurs comme aux experts.

Aux côtés de Mellouk, la fourmi ouvrière du CRTCS Bouchra Taibi, coordinatrice scientifique du Forum, a assuré une structuration exemplaire des thématiques, articulant les discussions autour des trois axes du forum :

-attractivité et image de marque territoriale,

-durabilité et inclusion,

-digitalisation et gouvernance intégrée.

Il faut savoir que Casablanca-Settat dispose déjà d’une base structurelle qui la distingue des autres pôles touristiques du Royaume. Avec plus de 43 milliards de dirhams d’investissements publics et privés en cours, la région mise sur une stratégie articulée autour de la mobilité, de la diversification de l’offre et de la qualité de l’expérience.

Le TGV Al Boraq, le réseau de tramway étendu et les axes autoroutiers reliant Casablanca à El Jadida, Settat ou Rabat font de la région un hub logistique et touristique naturel. L’extension de l’aéroport Mohammed V, dont la nouvelle aérogare est prévue pour 2028, devrait porter la capacité d’accueil à 25 millions de passagers par an. Cette connectivité confère à Casablanca-Settat un avantage compétitif rare, celui d’être à la fois porte d’entrée du Maroc et plateforme de séjour urbain et balnéaire.

Quant au parc hôtelier de la métropole, il s’est largement diversifié, les grandes chaînes internationales Marriott, Hilton, Sofitel, Four Seasons, Onomo, Mövenpick, Radisson, etc, cohabitent avec des boutique-hôtels et concepts lifestyle dans les quartiers réhabilités du centre-ville.

Les projets de réaménagement du front atlantique, de Casa-Anfa et du parc de la Ligue Arabe contribuent à redéfinir l’image d’une ville moderne, respirable et cosmopolite.

Côté culture, la programmation prochaine du Grand Théâtre de Casablanca, la profusion des festivals, le développement de zones de loisirs à Mohammedia ou les circuits culturels dans la médina rénovée traduisent ce tournant certain vers un tourisme expérientiel.

Le forum a été ponctué d’interventions marquantes qui ont donné la mesure des défis à relever.

D’abord, l’ouverture officielle du Forum a été prononcée par Othmane Cherif Alami, président du CRT Casablanca-Settat. Sa prise de parole a joué le rôle d’armature politique du Forum en rappelant l’ambition volontariste du CRT de placer Casablanca-Settat au cœur d’un développement touristique raisonné et intensif, en insistant sur trois priorités concrètes.

M. Alami a, en effet, remis au centre de l’agenda régional un objectif de forte croissance des arrivées et des nuitées, à commencer par multiplier l’attractivité de la région via le tourisme d’affaires et MICE, le city-break et le tourisme rural. Des éléments publics antérieurs lui sont attribués, notamment la volonté d’atteindre plusieurs millions d’arrivées, sachant que le CRT avait annoncé des objectifs ambitieux lors de ses communications précédentes.

Il a aussi insisté sur la nécessité d’une campagne de promotion digitale structurée via plateforme web, carte interactive et brochures thématiques visant à moderniser l’image et la commercialisation de la destination. Bref,  une stratégie où 70 % des moyens de promotion seraient affectés à la communication et au marketing.

Autrement, M. Alami a défendu la logique d’un CRT transformé en opérateur stratégique capable de coordonner acteurs publics/privés, d’attirer des financements et de suivre la mise en œuvre des projets structurants d’itinéraires, liaisons, hébergement et MICE). Il a réaffirmé l’intention d’inscrire la région dans une démarche durable et inclusive, en soutenant par exemple des initiatives pour valoriser les barrages et sites naturels comme nouveaux pôles d’offre touristique.

En somme, les déclarations de M. Alami insistent, par ailleurs, sur la triple logique promotion / infrastructure / gouvernance.

Pour Mohamed Jouahri, directeur général de Casa Events & Animation, « le développement touristique de Casablanca ne peut réussir que si les acteurs publics et privés convergent vers une vision commune, fondée sur la valorisation de l’image de la ville ».

Ce propos a trouvé écho dans l’intervention de Hamid Bentahar, président du CNT, qui a déclaré : « Il n’y aura pas de progrès touristique au Maroc sans Casablanca. La métropole doit être le creuset d’un tourisme urbain intelligent et durable ».

L’idée centrale est de faire de Casablanca une expérience de séjour complet, une destination à vivre autrement que l’on habite le temps d’un voyage.

Pour sa part, M. Mohamed Cherkaoui, Directeur des Affaires économiques et des Investissements de la Wilaya de Casablanca-Settat, a livré une intervention stratégique mettant en avant les pôles d’investissement et les partenariats public-privé nécessaires à la relance du secteur touristique régional.

En sa qualité également d’Administrateur et membre du Conseil régional du tourisme de Casablanca-Settat, M. Cherkaoui a souligné l’importance d’une coordination étroite entre les acteurs institutionnels et économiques pour renforcer l’attractivité et la compétitivité de la destination Casablanca. A ce niveau, il n’a pas manqué de répéter que les services de la wilaya sont disponibles pour être à l’écoute des professionnels du tourisme afin de participer ensemble au développement du secteur dans la région.

Le président du Conseil Régional, Abdellatif Maâzouz, a livré une analyse lucide. Malgré des atouts indéniables de gastronomie, patrimoine, plages, art de vivre, la région manque encore de curateurs, scénographes et concepteurs d’expériences capables de transformer cette matière brute en produit touristique cohérent.

Selon lui, « Casablanca ne souffre pas d’un manque d’infrastructures, mais d’un déficit de narration ».

Cette réflexion met en lumière une faille stratégique : la ville est riche d’éléments disparates mais peine à se raconter de manière homogène.

La digitalisation des parcours touristiques, la géolocalisation des services, et la promotion via les plateformes sociales sont désormais au cœur des stratégies.

Plusieurs startups locales, soutenues par le Casablanca Smart City Cluster, travaillent sur des solutions de visites en réalité augmentée, d’applications touristiques interactives et de cartographies intelligentes pour fluidifier le séjour des visiteurs.

Casablanca attire plus de 1,8 million de touristes par an, mais la durée moyenne de séjour reste inférieure à deux nuits.

L’objectif fixé pour 2030 est d’atteindre 3 nuits en moyenne, notamment grâce à la création de circuits intégrés combinant urbain, balnéaire et rural (Casablanca–Bouznika–Benslimane–El Jadida).

Si la capitale économique dispose d’une offre haut de gamme solide, les zones périphériques de Settat, Berrechid et Sidi Bennour manquent encore d’hébergements adaptés. La mise en réseau de maisons d’hôtes rurales et d’écolodges est un chantier prioritaire.

Le développement touristique ne peut ignorer les questions environnementales : gestion de l’eau, déchets, pression urbaine sur le littoral.

Le forum a insisté sur la nécessité d’intégrer les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans tout nouveau projet touristique, sous peine de miner la crédibilité du modèle.

Pour transformer Casablanca-Settat en destination de vie et d’expérience, il faudra, selon quelques à-côtés des interventions, dépasser la logique de l’offre dispersée pour construire une identité territoriale forte.

Cela passe par un marketing territorial intégré (plateforme “Casablanca Experience”), des produits thématiques : tourisme gastronomique, design urbain, architecture moderniste, golf, croisières, congrès et une formation continue des professionnels du tourisme pour garantir la qualité de l’accueil et l’authenticité des interactions.

La région mise également sur des événements internationaux, notamment le Mondial 2030, dont plusieurs matchs devraient se jouer au Grand Stade Hassan II, pour propulser sa visibilité à l’échelle mondiale.

Le Forum Interactif du Tourisme a rappelé l’évidence selon laquelle aucune stratégie touristique n’a de sens sans l’humain.

Les infrastructures, les campagnes digitales et les partenariats n’ont de valeur que si elles s’intègrent dans une hospitalité sincère, des métiers qualifiés et un récit commun.

Casablanca-Settat dispose des talents et de la volonté politique pour devenir, d’ici 2030, une métropole touristique à la fois compétitive et sensible, où l’on vivre une expérience.

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