24 novembre 2024

Et Ryanair l’a fait…

Ryanair n’a pas, comme on le soupçonnait, attendu trop longtemps pour conquérir de plus belle le ciel marocain, favorisée en cela par les encouragements des Ministères du Transport et du Tourisme, une collaboration fructueuse avec l’ONMT propulse Ryanair vers un ambitieux projet de développement au Maroc.

Le communiqué concis publié à cet effet nous apprend que la compagnie aérienne envisage de doubler son trafic annuel dans le pays, passant de 4,5 millions actuellement à plus de 10 millions de passagers d’ici 2027. Ce plan ambitieux, soutenu par le gouvernement marocain, se concrétisera dès l’été 2024, avec trois axes majeurs.

Premièrement, Ryanair lancera 24 nouvelles routes internationales, renforçant ainsi la connectivité entre le Maroc et huit marchés émetteurs stratégiques, dont l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et le Royaume-Uni. Ces nouvelles liaisons contribueront à une augmentation significative de la capacité proposée à la destination Maroc, totalisant 164 routes internationales et 11 routes domestiques.

Deuxièmement, la compagnie établira deux avions basés à Tanger, consolidant ainsi sa présence dans le pays avec une quatrième base après Fès, Marrakech et Agadir. Cette expansion renforcera l’offre aérienne, stimulant le tourisme et la connectivité aérienne à l’intérieur du Maroc.

Enfin, Ryanair lancera des routes domestiques transversales, reliant neuf villes marocaines. Cette initiative favorisera le désenclavement de régions telles qu’Ouarzazate, Essaouira et Errachidia. Les 11 nouvelles routes domestiques, prévues dès cet été, relieront des destinations telles qu’Agadir, Errachidia, Essaouira, Fès, Marrakech, Ouarzazate, Oujda, Tanger et Tétouan.

A n’en pas douter, cette étape décisive représente un moment fort pour le secteur du transport aérien national, renforçant son rôle en tant que composante fondamentale du développement du tourisme, tant à l’échelle internationale que nationale. Avec l’inauguration de la nouvelle base à Tanger, Ryanair disposera de 14 avions basés au Maroc, marquant ainsi un engagement continu envers la croissance et la prospérité de l’industrie aérienne dans le pays.

Toutefois , cette seconde « prouesse » de Ryanair suscite à la fois de l’enthousiasme certes mais aussi de l’inquiétude. Bien que cette nouvelle représente un tournant majeur dans le secteur aérien marocain, le manque d’informations techniques détaillées soulève des interrogations légitimes quant à la transparence de cette démarche.

La première étape de ce processus demeure floue. Serait-ce un prélude à une ouverture totale du ciel marocain à toutes les compagnies aériennes de l’Union européenne? Les répercussions financières et commerciales sur Royal Air Maroc et Air Arabia Maroc restent également des zones d’ombre, tant à moyen terme qu’à long terme.

Une question cruciale se pose : les acteurs clés de l’aviation, du transport et du tourisme au Maroc ont-ils été consultés dans cette décision ? Impliqués dans les discussions, ils pourraient jouer un rôle majeur dans l’orientation de cette nouvelle donne.

Le contrat programme signé entre l’ONMT et Ryanair soulève également des interrogations. Les détails financiers et fiscaux, au même titre que la visibilité accordée aux visiteurs étrangers, en termes de développement de nouveaux flux touristiques, restent à dévoiler.

Le grand investissement de RAM dans 150 nouveaux avions mérite-t-il une mention dans ce contexte ? Sa contribution attendue à l’augmentation du nombre de touristes est quand même à prendre en compte. Est-ce une garantie suffisante pour le gouvernement de s’engager avec Ryanair, et quelle serait la subvention globale annuelle allouée à cette compagnie ?

Le spectre d’une libération de positions nationales de souveraineté plane. Les implications réelles de cette ouverture totale restent à démontrer avec des chiffres concrets. La validation parlementaire de cette stratégie reste également floue, soulevant des interrogations quant à la légitimité de cette initiative.

C’est pour dire que cet « Open Sky » au Maroc en faveur de Ryanair est entrecoupé par des questions fondamentales. L’opacité des informations rend difficile une évaluation constructive des opportunités que cela pourrait offrir. Les citoyens sont-ils de simples invités dans un processus complexe, et qui supporte les frais de cette ouverture? Des réponses claires et transparentes sont nécessaires pour dissiper les doutes et encourager une compréhension approfondie de cette nouvelle orientation dans le transport aérien marocain.

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