Le tour-operating européen subit un nouveau choc avec l’annonce du dépôt de bilan de FTI Touristik GmbH, la société mère du groupe FTI, troisième voyagiste en Europe. Cette décision, prise hier lundi 3 juin 2024, a des répercussions à la fois locales et internationales, notamment au Maroc, où le groupe a été investi de confiance, malgré les cris d’alarme lancés jadis à Agadir avant ses partenariats au Maroc mais qu’on prenait trop à la légère. Déjà prévenus en 2018 lorsque la lige rouge financière fut dépassée
En effet, malgré l’entrée en avril 2024 d’un consortium d’investisseurs emmené par Certares qui devait injecter 125 millions d’euros, les chiffres de réservation sont restés bien en deçà des attentes. De mal en pis, de nombreux fournisseurs ont exigé des paiements anticipés, entraînant un besoin accru de liquidités que le groupe n’a pas pu combler avant la finalisation du processus d’investissement, sachant que la dette de FTI Group était estimée à près d’un milliard d’euros pour un chiffre d’affaires 2022 d’environ 4 milliards, un montant difficilement soutenable, alors que l’accord avec les investisseurs reprenant la totalité de la dette n’a pas été finalisé à temps.
Donc, et pour des raisons juridiques, le dépôt de bilan est devenu nécessaire. Il concerne directement la marque FTI Touristik et va s’étendre à d’autres sociétés du groupe.
Malgré les efforts pour terminer les voyages déjà commencés, ceux qui n’ont pas encore débuté seront probablement annulés ou partiellement réalisés à partir du 4 juin. Le fonds allemand de protection des voyages sera activé pour indemniser les clients.
Tout de même, bien que confronté à des difficultés financières, groupe FTI a souligné son engagement envers ses clients en mettant en place un site internet d’assistance et une hotline dédiée. Cependant, les voyages à venir pourraient être compromis, ce qui inquiète les clients et les partenaires du groupe, y compris au Maroc.
Et pour cause, le Maroc est un marché clé pour FTI, avec des partenariats stratégiques avec Atlas Hospitality Morocco et l’ONMT. Ces partenariats visent à développer des projets touristiques ambitieux, tels que des villages all-inclusive, et à promouvoir des circuits touristiques variés dans le pays.
Cependant, la situation financière précaire de FTI qui l’a mené à déposer le bilan soulève des inquiétudes quant à l’avenir de ces projets et de la relation entre le groupe et ses partenaires marocains. Mais pour parer à de tels risques, les dits partenaires marocains se sont-ils prémunis de garanties risques du genre liés à un marché mondial instable ?
Cette situation rappelle la déconfiture de Thomas Cook en 2019, qui a eu des répercussions désastreuses sur ses partenaires marocains. Pourtant, a-t-on tiré des leçons de ce passé inoubliable ? Il serait sécurisant que les professionnels du tourisme tirent des leçons de ces expériences passées et prennent des mesures pour se prémunir contre de telles situations à l’avenir.
Une des mesures à envisager, par exemple, est la mise en place de garanties pour les contrats internationaux, similaires à l’assurance crédit sur les créances touristiques à l’international. Le tourisme pourrait également suivre l’exemple du Centre Marocain des Exportations en mettant en place des mécanismes d’assurance pour garantir la sécurité des marchés à l’exportation.
Il est également important que le ministère du Tourisme prenne des initiatives pour recommander ces mesures préventives et aider les entreprises marocaines à anticiper les imprévus et à sécuriser leurs activités à l’échelle internationale.
Il est temps de prendre des mesures préventives pour éviter les crises financières à l’avenir.
Après Thomas Cook et FTI Group, à qui le tour ?