11 novembre 2024

Imane Rmili ou la restauration engagée 

Imane Rmili est une figure incontournable du secteur de la restauration touristique au Maroc. Présidente de l’Association Régionale des Restaurants de la Wilaya de Marrakech (ARWM) depuis 2021 et de la Fédération Nationale des Restaurants Touristiques (FNRT) depuis 2022, elle a su se démarquer par son leadership et sa capacité à surmonter les crises. Élu en pleine pandémie, son parcours est marqué par une mobilisation sans relâche pour soutenir les restaurateurs en difficulté, promouvoir la gastronomie marocaine à l’international et favoriser l’inclusion des jeunes et des femmes dans ce secteur. 

Née en 1980, son parcours se distingue par une combinaison unique de formation académique rigoureuse et d’un engagement entrepreneurial solide. Ses contributions en tant que leader dans ces industries stratégiques ont fait d’elle un acteur clé de leur développement, particulièrement dans la ville de Marrakech.

Après avoir suivi des études en France, Imane Rmili a obtenu un diplôme en finance et en conseil, suivi d’un master en expertise comptable et audit. Cette formation lui a donné les compétences nécessaires pour se démarquer dans un environnement économique complexe et pour apporter des solutions stratégiques aux défis auxquels sont confrontés les secteurs du tourisme et de la restauration. Son expertise financière et son sens de l’organisation lui ont rapidement ouvert des portes vers des postes de responsabilité au Maroc. En plus, elle a complété et poursuivi sa formation cette annee avec un certicate en execution and strategy in public leadership delivré par harvard.

En tant que présidente de la Fédération Nationale des Restaurateurs du Maroc, elle a mené des actions importantes pour améliorer les conditions de travail et la reconnaissance des professionnels de la restauration. Tels, à titre d’exemple, son plaidoyer pour une baisse des charges sociales et fiscales: les collègues d’Imane Rmili reconnaissent qu’elle a travaillé sans relâche pour alléger le fardeau fiscal et social pesant sur les restaurateurs, permettant à ces derniers d’investir davantage dans la qualité de leurs services. Ou encore la mise en place des programmes de formation pour les restaurateurs, les aidant à améliorer leurs compétences et à se conformer aux normes internationales, tout en préservant l’authenticité de la gastronomie marocaine. Dès son élection Présidente de la FNRT, la première action qu’elle a entamée est l’affiliation des restaurants touristiques au ministère du Tourisme, ce qui a largement favorisé l’obtention des aides qui leur ont été accordées dans le cadre de soutien aux effets de Covid.

Au-delà de ses fonctions représentatives, Imane Rmili est elle-même une entrepreneure accomplie. Elle est propriétaire et gérante de la rôtisserie La Paix, de Dar Diaffa et a en projet le lancement dans l’hôtellerie.

Son engagement pour l’entrepreneuriat féminin se manifeste par des actions concrètes : elle soutient les femmes chefs d’entreprise, partage son parcours lors de conférences et s’engage activement dans des initiatives visant à renforcer la place des femmes dans le monde professionnel au Maroc.

En témoignant de ses propres défis, y compris la perte de son père en 2020, Imane Rmili incarne une résilience et une détermination qui inspirent de nombreuses jeunes femmes. Elle prouve que, malgré les obstacles, il est possible de réussir dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes.

Dans cette interview, Imane Rmili revient sur son parcours, ses actions et les défis qu’elle continue de relever pour transformer la restauration au Maroc.

Au lendemain de votre élection présidente de l’ARWM en pleine crise sanitaire, quels ont été vos principaux défis à ce moment-là, et comment les avez-vous surmontés ?

Être élue en 2020, en pleine crise du Covid-19, a été un énorme défi pour moi. Le secteur de la restauration, surtout dans une ville touristique comme Marrakech, était en grande difficulté. La survie des établissements était donc notre priorité absolue. Pour ce faire, j’ai rapidement pris contact avec les autorités locales pour plaider en faveur d’aides financières et d’allègements fiscaux. Nous avons aussi mis en place des initiatives comme « Le Ftour du Cœur » pour renforcer la solidarité. Cela a permis non seulement de maintenir l’espoir, mais aussi de montrer que la solidarité pouvait aider à surmonter les moments les plus difficiles.

Concernant les défis, il faut savoir que c’est la restructuration du secteur associatif dans la restauration touristique avant tout. En effet, en l’espace de 2 ans, nous sommes passés à 7 associations régionales structurées. Notre objectif est de couvrir tout le Maroc. Ce sont  bien sûr des étapes compliquées mais obligatoires, car elles sont les fondations même du futur .

Quelles actions concrètes avez-vous entreprises pour soutenir les jeunes et les femmes dans le secteur de la restauration ?

L’intégration des jeunes dans le secteur a toujours été au cœur de mes priorités. Nous avons lancé des programmes de formation pour les jeunes des zones rurales, leur offrant des opportunités professionnelles dans la restauration. C’était aussi un moyen de renouveler notre secteur en attirant des talents. En ce qui concerne les femmes, en tant que première présidente de la FNRT, je me suis engagée à promouvoir leur place dans la restauration, un secteur encore largement dominé par les hommes. Nous avons organisé des ateliers et des rencontres pour encourager les femmes à occuper des postes de responsabilité.

Au niveau des filles issues du milieu rural et les jeunes, nous essayons de travailler en synergie et en collaboration avec des asssociations locales, car nous croyons que pour bien avancer, il nous faut être bien entourés.

En tant que présidente de la FNRT, vous avez lancé plusieurs initiatives pour promouvoir la gastronomie marocaine à l’international. Pouvez-vous nous parler, par exemple, du projet « Cuisine of Morocco » et de son impact ?

« Cuisine of Morocco » est l’un de mes projets phares mené en étroite collaboration avec l’ONMT. L’idée est de promouvoir notre gastronomie sur la scène internationale, tout en restant fidèles à nos racines. Nous avons travaillé avec des chefs et des experts pour moderniser certains aspects de la cuisine marocaine sans perdre son authenticité. C’est un peu comme ce que le Japon ou l’Italie ont fait avec leur cuisine. Nous voulons que la cuisine marocaine soit perçue comme une cuisine haut de gamme, capable de séduire les palais du monde entier.

Comment avez-vous géré la reprise du secteur après la pandémie, surtout dans une ville touristique comme Marrakech ?

La reprise post-Covid a été un énorme défi. Marrakech, dépendante du tourisme, a vu ses restaurants presque à l’arrêt pendant des mois. Avec l’ARWM et la FNRT, nous avons œuvré pour relancer le secteur en organisant des campagnes de communication ciblées, en partenariat avec le ministère du Tourisme. Nous avons aussi encouragé les restaurateurs à améliorer leurs services pour répondre aux nouvelles attentes des touristes, notamment en matière de sécurité sanitaire. C’était un travail de longue haleine, mais nous voyons enfin les fruits de nos efforts.

Quels sont, selon vous, les principaux défis qui attendent encore les restaurateurs marocains, et comment envisagez-vous l’avenir du secteur ?

Le secteur de la restauration, et particulièrement celui des restaurants touristiques, a encore beaucoup de défis à surmonter. Le soutien gouvernemental est pour nous capital et, Dieu merci, nous avons été écoutés et un dialogue positif est toujours maintenu, sachant que nous avons fait de grands progrès. Reste quand à ce que les promesses faites soient suivies d’exécution plus rapide. Il est essentiel d’investir dans la formation continue et de moderniser les infrastructures pour attirer et fidéliser une clientèle internationale. Je suis optimiste quant à l’avenir. Nous avons prouvé notre résilience face aux crises, et je crois que la restauration marocaine a un potentiel immense. Il nous reste à le faire rayonner davantage sur la scène internationale.

il faut consoliter l’acquis, instaurer une bonne gouvernance pour avancer. Et toute aide est la bienvenue. les restaurants doivent aussi comprendre la force d’une association regionale et la rejoindre…

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