15 juin 2025

Entre performance hôtelière et limites structurelles

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L’analyse des nuitées dans les établissements hôteliers classés (EHTC) à fin février 2025, publiée par l’Observatoire du Tourisme, révèle une tendance claire : Marrakech reste la locomotive du tourisme national, avec 1,537 million de nuitées, loin devant Agadir (992K), Casablanca (366K), ou encore Tanger (224K). Ce classement met aussi en lumière des déséquilibres croissants et des défis systémiques qui freinent une pleine exploitation du potentiel touristique du Royaume.

La performance de Marrakech confirme évidemment sa suprématie. Son positionnement haut de gamme, ses infrastructures matures et la densité de son offre culturelle en font une destination de référence. Toutefois, cette domination masque la oncentration excessive du tourisme dans 2 ou 3 destinations majeures, une sous-utilisation du potentiel d’autres régions comme Béni Mellal-Khénifra, Ouarzazate ou le Sud atlantique et un écart croissant entre l’offre et la demande effective dans les zones secondaires.

En somme, cela veut sûrement dire que lle Maroc capte les flux, mais ne les diffuse pas suffisamment sur l’ensemble du territoire.

Ceci dit, le diagnostic partagé par les professionnels converge vers plusieurs points de blocage :

-Complexité et lenteur des processus de réservation : dans de nombreuses villes (y compris les grandes), les plateformes ne permettent pas une visibilité claire des disponibilités.

-Refus fréquents de réservation pour des séjours courts : il est désormais courant que les hôtels imposent des minimums de séjour de 6 à 7 nuits, ce qui décourage les city breaks ou les courts séjours.

-Tarifs élevés, parfois déconnectés de la valeur perçue, surtout à Marrakech mais aussi à Casablanca, Agadir ou Essaouira. Cela fragilise la compétitivité, surtout face à des alternatives méditerranéennes (Portugal, Turquie, Égypte).

-Manque d’un système d’information unifié, à l’échelle nationale, pour agréger l’offre disponible en temps réel, optimiser les flux et faciliter les réservations. Ce vide technologique fait perdre des opportunités de conversion massives.

Alors que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2025-2026) est pour très bientôt, les signaux demeurent alarmants et peu rassurants. Jusqu’ici, aucune plateforme officielle ne propose aujourd’hui une offre packagée combinant hébergement, transport et billet de match. Tandis que le système de billetterie reste opaque et inaccessible aux agences de voyages et tour-opérateurs internationaux. En même temps, la non-garantie de l’accès aux stades pour les visiteurs étrangers freine toute commercialisation sérieuse à ce stade.

Cette situation renvoie malheureusement à celle d’Abidjan lors de la CAN 2023, où les billets étaient vendus dans des circuits peu structurés, sans interface claire pour les étrangers, créant un sentiment de chaos logistique, malgré le succès populaire de l’événement.

Le silence ou l’inertie des institutions pose question. Une coordination est pourtant impérative entre le Ministère du Tourisme, l’ONMT, la CNT, les CRT, la FNAAVM, la FNIH, la FRMF et la Confédération Africaine de Football.

Des enquêtes flash ou un sondage rapide pourraient permettre de mieux cerner les intentions d’achat, les freins et les attentes des touristes nationaux et internationaux. Mais surtout, il faut lancer une plateforme officielle et certifiée dédiée à la CAN 2025, avec billets garantis, packages (vol + hôtel + match), tarification claire, possibilité de réservation dès maintenant et travailler avec des agences réceptives accréditées, capables d’assurer un accompagnement terrain.

Mais pourquoi un “Pack Match Garanti” est indispensable? C’est simple, l’expérience des grands événements sportifs montre que l’absence de garantie d’accès au match rend tout produit invendable à l’international. Le « pack garanti » est la clé d’entrée pour les marchés européens, africains et du Golfe.

Il faut aussi sécuriser la logistique de transport inter-villes, les capacités hôtelières (avec gestion de surbooking évitée) et un tarif raisonnable et prévisible.

À moins d’un sursaut immédiat, la CAN 2025 pourrait passer à côté de son immense potentiel touristique. Le Maroc a l’avantage des infrastructures, de la position géographique et de l’image. Mais il manque encore un produit touristique prêt à vendre.

Le mois de février 2025 confirme que le pays reste attractif. Il ne lui manque qu’un écosystème agile, informé et coordonné pour transformer cette dynamique en croissance partagée et durable.

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