11 juillet 2025

Projet “Dunes Resort” à Zagora: une utopie résidentielle haut de gamme au cœur du désert… Parlons-en !

Dans les sables silencieux de la province de Zagora, loin des flux conventionnels du tourisme de masse, un projet immobilier et touristique baptisé “Dunes Resort” retient l’attention ces derniers temps. Portée par un consortium d’investisseurs des îles Canaries, ce projet, souvent à tort attribué à une société britannique, introduit une vision singulière : celle d’un tourisme résidentiel premium, enraciné dans le paysage désertique mais tourné vers un public global en quête d’altérité et de rareté.

Il fallait l’oser : Implanter un projet de résidences haut de gamme au cœur du désert de Zagora, dans une région historiquement délaissée par les grands projets structurants, relève moins de l’exotisme que d’une stratégie d’avant-garde. Le désert, souvent réduit à un décor, devient ici une matière à habiter, une ressource identitaire à valoriser. Sur une superficie de 30 000 m², le projet prévoit la construction de villas autonomes, chacune équipée de piscines privées, pensées en éléments intégrés à l’écosystème local. Le plan architectural annonce une adaptation fine aux contraintes climatiques -orientation solaire optimisée, matériaux à forte inertie thermique, solutions de rafraîchissement passif- sans céder, paraît-il, au mimétisme folklorique.

Le prix unitaire d’environ 50 000 euros par villa, bien en deçà des standards internationaux du haut de gamme, interroge autant qu’il intrigue. Cette accessibilité relative reflète certainement une reconfiguration du luxe : ici, le prestige ne se mesure ni à la superficie, ni à l’ostentation, mais à l’expérience promise, celle d’un bain initiatique dans un territoire extrême, brut, magnifié par le confort mesuré.

Sans aucun doute, ce modèle économique cible une clientèle européenne hétérogène : néo-nomades, télétravailleurs de haut niveau, investisseurs alternatifs, ou simplement amateurs de lieux d’exception. La proposition repose sur une dissonance assumée : un haut niveau de confort dans un environnement d’apparente austérité, créant une tension narrative puissante que seuls certains sites dans le monde peuvent aujourd’hui offrir.

Les promoteurs mettent en avant une intégration environnementale et culturelle qualifiée d’“exemplaire”, en collaboration avec les autorités locales. Ce discours, s’il est devenu presque obligatoire dans l’industrie touristique contemporaine, demande ici à être examiné avec rigueur. La réalité du désert marocain impose des contraintes physiques irréductibles : stress hydrique chronique, fragilité des écosystèmes, logistique coûteuse, dépendance énergétique. L’adéquation entre ambition écologique et faisabilité opérationnelle reste, pour l’heure, une zone grise.

Plus encore, la dimension culturelle du projet devra dépasser les simples gestes symboliques. Il ne s’agit pas de « respecter » la culture locale -terme souvent vide de contenu- mais de l’inclure structurellement : dans l’architecture, dans la gouvernance, dans l’économie générée par le site. En l’absence d’un ancrage territorial fort, “Dunes Resort” risquerait de s’apparenter à un enclave exclusive, où le désert n’est qu’un décor, et la population locale, une externalité marginale.

Le potentiel transformateur du projet est indéniable, à condition qu’il soit pensé comme un nœud d’écosystème et non comme une fin en soi. Zagora ne pourra bénéficier d’un effet d’entraînement qu’à travers un maillage d’acteurs locaux : artisans, guides, agriculteurs, fournisseurs d’énergie et de services. Cela suppose une chaîne de valeur locale solide, transparente, et partagée, un point sur lequel les documents publics du projet demeurent jusqu’à présent silencieux.

Autre facteur critique : l’infrastructure. Sans amélioration des routes, des connexions numériques, des services de santé et de sécurité, le projet s’expose à devenir un îlot autonome mais isolé, difficilement reproductible et peu générateur de développement systémique.

Assurément, “Dunes Resort” pourrait devenir une référence internationale en matière de tourisme résidentiel désertique si, et seulement si, il assume pleinement les responsabilités sociales, environnementales et économiques inhérentes à son implantation. Mais pour que cette ambition se concrétise, une gouvernance plurielle, un dialogue exigeant avec les parties prenantes locales, et une transparence sur les externalités du projet seront indispensables.

Sans cela, le “Dunes Resort” ne serait qu’une parenthèse luxueuse dans un territoire qui mérite bien plus qu’un simple effet d’annonce.

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