Du 19 au 23 septembre 2025, Marrakech sera au rendez-vous avec la 11ᵉ édition du du salon professionnel et prospectif CREMAI qui dépasse le simple événementiel pour rappeler une vision : refondre l’hospitalité marocaine en niche d’influence, d’innovation et de souveraineté continentale. Nourrie par la stratégie nationale « Hospitalité 2030 », cette édition situe le Maroc non plus en suiveur des modèles européens ou asiatiques, mais en architecte d’un paradigme africain intégré, durable et culturellement enraciné. D’ailleurs, comme le résume Kamal Rahal Président du salon, « Nous avons conçu le hall d’exposition comme un véritable moteur de transformation pour les professionnels du secteur. Chaque espace, chaque pavillon, chaque interaction vise à créer des opportunités concrètes de croissance, de connexion et d’innovation. »

Implanté sur deux hectares, le salon CREMAI 2025 adopte une scénographie stratégique structurée autour de pavillons thématiques qui fonctionnent en nœuds d’un même réseau de transformation.
1. Green Hospitality : Ce pavillon se distingue par des solutions concrètes et mesurables. Par exemple, l’entreprise marocaine HydroLoop Systems, en partenariat avec une startup espagnole, présente un dispositif de recyclage des eaux grises installé dans des riads de l’Ourika, une première. Autre cas probant : Hotel Zephyr Essaouira, l’un des champions de la gestion énergétique par IA, révèle une baisse de consommation de 38 % en moins de 18 mois. On n’est plus dans le déclaratif, mais dans l’expérimenté.
2. Made in Morocco : Ce pavillon n’expose pas, il valide. Le miel de l’Anti-Atlas labellisé IG (indication géographique) est désormais distribué dans 12 pays européens. Le safran de Taliouine, grâce à un nouveau procédé de cryo-séchage présenté sur place, conserve désormais 98 % de ses principes actifs — un atout clé pour les marchés pharmaceutiques.

3. Food Tech & Startups : La startup Kouzina Code dévoile son assistant vocal basé sur GPT-4.5, capable de générer des recettes selon les stocks disponibles en cuisine, avec intégration comptable en temps réel. L’entreprise ivoirienne AgriTrace présente quant à elle un QR code blockchain garantissant l’origine certifiée des bananes plantain, déjà adopté par deux chaînes de supermarchés marocaines.
4. Terroirs & Traditions : Safi, Azilal, Tinghir… Ces régions ne sont plus à la marge. En 2024, les coopératives de femmes du Moyen Atlas ont exporté plus de 150 tonnes de couscous artisanal vers les États-Unis via un partenariat noué lors du CREMAI 2023. En 2025, c’est au tour des huiles essentielles de la région d’Al Haouz, dont les débouchés cosmétiques et thérapeutiques s’élargissent.

Au cœur du CREMAI, le Carrefour des Chefs confirme une volonté forte de rendre hommage au Maroc en tant que producteur de talents et non plus simple utilisateur de normes internationales.
-Coupe d’Afrique de la Boulangerie : le Maroc s’est imposé avec une recette à base de pain de figue de barbarie et semoule de blé dur bio, revisitée façon fermentation lente. Cette audace maîtrisée lui a valu le Prix de la Meilleure Dégustation, mais surtout un contrat de production avec une chaîne de distribution sénégalaise.
-Coupe Afrique & Moyen-Orient des Cheffes : L’ascension de la cheffe Zineb El Housni (25 ans), désormais en résidence culinaire au Ritz Carlton Doha, est emblématique. Ce concours devient un outil géopolitique silencieux : former, promouvoir, diffuser.

-TOC MAROC & MPM : Ces tremplins vers la Bocuse d’Or ou la Coupe du Monde de Pâtisserie agissent comme des incubateurs publics de réputation internationale. En 2025, la lauréate du MPM (Meilleur Pâtissier Marocain), Loubna Alami, a vu ses créations diffusées dans les salons VIP de Royal Air Maroc — un symbole fort de soft power gastronomique.
Les performances marocaines ne sont pas aléatoires. Le bronze à la Coupe du Monde des Glaces 2025 est une première pour un pays africain. Et le Prix de la Meilleure Promotion à la Coupe du Monde de la Pâtisserie atteste d’une excellence narrative autant que technique. Ces résultats sont le fruit d’un maillage d’écoles, de mentors et de politiques publiques bien ciblées, notamment via l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT) qui a renforcé ses filières hôtelières en partenariat avec Ferrandi Paris.

CREMAI 2025 se dote aussi d’un dispositif structurel de transmission et d’anticipation :
-Conférences : l’intervention d’architectes comme Tarik Oualalou sur le design hôtelier bioclimatique ou de chercheuses de l’INRA sur la revalorisation des légumineuses marocaines est marquante. Le discours est désormais transdisciplinaire.
-Influencer’s Corner : Espace Instagram-friendly, ce carrefour digital permet aux jeunes chefs de devenir des personal brands, de monétiser leur image et d’ouvrir des collaborations avec Netflix Food, dont la présence a été remarquée.
-Incubateur CREMAI Connect : En 2025, plus de 180 jeunes diplômés ont été placés dans des établissements marocains et africains grâce à la plateforme. Ce n’est plus un salon, mais un outil de mobilité socio-professionnelle.

Avec CREMAI 2025, le Maroc fait un pari : transformer son hospitalité en ressource stratégique, à l’intersection du développement local, de l’influence culturelle et de la compétitivité économique. Pas de folklore réinventé, c’est une modernité enracinée qui émerge lucide, ambitieuse, structurée.
En 2030, si le modèle marocain s’exporte vers Lagos, Kigali, ou Abidjan, ce ne sera pas grâce à son passé, mais grâce à la volonté actuelle de le projeter vers un futur collectif africain. CREMAI n’est pas un salon : c’est un manifeste.




