mustapha amal 
Ona Hotels & Apartments, groupe espagnol de taille moyenne spécialisé dans le segment mid‑to‑upper upscale, assurera désormais la gestion du Be Live Collection Saïdia, une installation de type resort dans la station de Saïdia. Il s’agit d’un signal fort: Aucune des chaînes marocaines n’a été retenue pour ce management, malgré leur présence nationale affirmée.
Cette mise en concurrence d’un opérateur espagnol à un emplacement aussi critique interpelle : qu’est-ce que cela révèle de la confiance, ou de la préférence, des investisseurs internationaux envers les acteurs étrangers par rapport aux opérateurs nationaux ?
Certes, Ona Hotels apporte des standards internationaux éprouvés dans le segment des Be Live Collection, utilisés dans plusieurs destinations méditerranéennes et caribéennes. Sa réputation de gestion orientée vers la clientèle touristique européenne a probablement pesé dans la balance.
Be Live Collection est un produit souvent orienté vers les packages clubs ou villégiature familiale. Les chaînes marocaines opèrent majoritairement, excepté deux ou trois et qui n’étaient probablement pas candidates, des établissements haut de gamme ou de prestige, cela peut avoir créé un mismatch de positionnement, surtout dans un contexte Plan Azur/Mediterrania-Saïdia ciblant la démocratisation touristique.
Pour rappel, certains grands projets touristiques (Plan Azur, Mediterrania Saïdia) ont privilégié des partenariats bilatéraux ou négociés avec des gestionnaires étrangers pour attirer des capitaux ou savoir-faire, au détriment de la chaîne nationale même si elle est compétente.
Il faut toutefois reconnaître que les chaînes marocaines dominent l’hôtellerie urbaine ou luxe, mais peu ont acquis des références solides en management de resorts de grande taille orientés vers les touristes européens ou de packages.
Aussi, certains investisseurs préfèrent un opérateur étranger réputé dans les standards mondiaux de gestion, pensant limiter le risque opérationnel et satisfaire une clientèle internationale exigeante.
Alors, quelle lecture stratégique de cette situation ?
Pareille ’externalisation du management à une société espagnole dénote une perception selon laquelle, dans ce segment (resort familial tout-inclus), les opérateurs marocains ne seraient pas compétitifs, ce qui est contestable dans la réalité.
N’empêche que pour les chaînes nationales, cette situation souligne la nécessité de renforcer leur portfolio sur de nouveaux formats (resorts, club hôtels), et de se présenter clairement sur les appels d’offres internationaux.
Le choix d’Ona Hotels pour gérer Be Live Collection Saïdia met clairement en lumière un glissement stratégique vers un opérateur perçu comme plus légitime dans un segment spécifique, au détriment des chaînes nationales malgré une compétence avérée dans d’autres segments. Ce constat appelle à une meilleure valorisation de l’expertise marocaine dans la gestion de resorts, à une montée en gamme ciblée et une plus grande assurance dans les standards internationaux.
Si les groupes hôteliers marocains démontrent leur excellence localement, la gestion de formats club haut-volume reste une zone encore largement dominée par des opérateurs étrangers. Cela ouvre un vrai chantier stratégique pour le marché national : prouver concrètement, par des performances mesurables et des références, qu’il est capable de répondre à hauteur.
