Le Maroc à l’IFTM Paris: A quoi s’attendre ?

Du 23 au 25 septembre 2025, le Maroc s’installe en force au salon IFTM Top Résa. Avec un pavillon de plus de 400 m², d’ailleurs le plus vaste du salon, et une délégation de professionnels pilotée par l’ONMT, notre pays multiplie les démarches pour continuer à séduire armé d’une stratégie précise, où la communication institutionnelle se double d’une démarche résolument commerciale.

Les données parlent d’elles-mêmes. À fin juillet 2025, le Maroc avait déjà accueilli 11,6 millions de visiteurs, soit une progression de 16 % par rapport à l’année précédente, et les recettes touristiques dépassaient 67 milliards de dirhams. Cette croissance traduit une dynamique structurelle certaine, consolidée par un marché français fidèle qui reste le premier partenaire du Royaume. L’IFTM devient donc le lieu naturel pour transformer cet engouement en contrats concrets, en élargissant les flux et en diversifiant les segments.

Sous la bannière « Maroc, terre de lumière », le pavillon marocain constitue un bloc cohérent où se côtoient acteurs publics, ONMT, Conseils Régionaux du Tourisme, Royal Air Maroc, hôteliers et agences réceptives. Deux destinations bénéficient, cette année, d’un coup de projecteur particulier : Dakhla et Fez-Meknès. L’approche adoptée diffère de régions à régions présentes à travers des opérations bienvenues hors-site, à l’image d’Agadir-Souss-Massa qui convie des prescripteurs français à une soirée gastronomique prestigieuse.

Mais en mettant en avant Dakhla et Fez-Meknès, le Maroc tend sans doute à déplacer le regard au-delà des classiques Marrakech-Agadir. Toutefois, cette mise en scène pose la question de promotion des «nouvelles» destinations. Est-elle suivie d’infrastructures et de services à la hauteur ? À Dakhla, par exemple, la promesse d’un hub MICE sportif se heurte encore à une offre hôtelière limitée et à une connectivité aérienne tout de même fragile. Le risque est de générer des attentes que le terrain ne peut pas encore absorber.

Soirées gastronomiques, masterclasses et événements off-site à Paris traduisent un usage intelligent de l’émotionnel. On ne nie pas que ce registre est efficace pour séduire des prescripteurs français. Mais il ne répond pas à la question de fond : quelle homogénéité de service le visiteur trouvera-t-il une fois arrivé au Maroc ? La disparité des standards, la formation inégale du personnel et la gestion parfois approximative des flux, notamment dans les villes saturées comme Marrakech, laissent planer un doute sur la capacité du pays à tenir la promesse premium et authentique affichée à Paris.

La question de l’accessibilité reste le principal angle mort de la stratégie. Si Royal Air Maroc multiplie les initiatives et si certaines low-costs renforcent leur présence, l’écart demeure entre l’enthousiasme suscité en salon et la réalité des fréquences disponibles vers les destinations secondaires. Or, pour les tour-opérateurs français, un produit sans liaison régulière et compétitive est un produit invendable. L’enjeu n’est pas de communication, mais de logistique.

Bon gré mal gré, le dispositif suivi à Paris trouve sa force dans la coordination. L’ONMT fixe le cadre, Royal Air Maroc garantit l’accessibilité et les opérateurs privés proposent des produits immédiatement commercialisables. Ainsi émergent des packages vols et séjours sportifs pour Dakhla ou city-break culturel pour Fez.

En définitive, la participation du Maroc à l’IFTM 2025 reconfirme une maturité nouvelle. Notre pays cherche à industrialiser davantage sa croissance touristique par une synergie entre institutions, transporteurs, régions et opérateurs privés. Le défi est surtout de convertir mieux, en fluidifiant l’accès aérien, en homogénéisant la qualité de l’offre et en proposant des expériences différenciées, premium et durables.

Si ces conditions sont réunies, la visibilité parisienne de ce septembre 2025 pourrait bien devenir un sacré succès d’image et de repositionnement.

La participation du Maroc à l’IFTM 2025 est indéniablement un succès en termes de visibilité. Mais la question centrale est de savoir si cette visibilité se traduira en flux réguliers, diversifiés et à forte valeur ajoutée. En l’état, la stratégie marocaine brille par sa mise en scène et par la cohérence affichée de ses acteurs, mais elle bute encore sur ses angles morts : dépendance au marché français, connectivité aérienne fragile, disparité de l’offre hôtelière, saturation des destinations phares.

En somme, l’IFTM 2025 est un momentum, mais pas encore un tournant. Pour que l’opération dépasse le simple effet vitrine, il faudra industrialiser la connectivité, professionnaliser l’offre régionale et réduire l’écart entre communication et expérience réelle. Faute de quoi, le Maroc risque de rester dans une logique de séduction ponctuelle plutôt que de bâtir une dynamique structurelle, durable et résiliente.

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