23 novembre 2024

FTI Group: Où est le vrai du faux?

Les 2 années de crise touristique mondiale auront fait plier l’échine aux grands groupes touristiques mondiaux, notamment émetteurs sur le Maroc et partenaires des entreprises touristiques nationales. Les temps sont durs, il faut le reconnaître, et les faillites imprévisibles, comme celle de Thomas Cook en 2019 qui a laissé plusieurs ardoises chez ses partenaires marocains ayant donné du fil à retordre à leur trésorerie, malmenée de surcroît par les restrictions sanitaires Covid. La hantise d’une récidive commence à planer sérieusement sur les esprits, obsédés par la chute surprenante du géant Thomas Cook déchu en 2019 et les nouvelles publiées par certains médias allemands (Handelsblatt) et français (Tourmag) selon lesquelles FTI Group serait en difficulté financière avec un endettement d’un milliard d’Euros, en indiquant que le groupe avait bénéficié d’une aide de soutien de l’Etat estimée à 500 millions d’Euros pendant la pandémie. Situation qui le porte, selon ces médias, à se rapprocher de DER Touristik, 2ème voyagiste européen. Pour le groupe qui vient de communiquer à la veille de l’ITB Berlin pour calmer les esprits, ce « rapprochement » ou « négociations avancées » ne seraient que de la pure « spéculation » avant l’heure, nuisant ainsi à ses intérêts.

Que les nouvelles rapportées soient véridiques ou fausses, elles sont généralement moins réconfortantes chez le réceptif qui accuse normalement le coup. Bien entendu, personne ne peut nier ou affirmer que les réservations opérées par FTI Group sur le Maroc seront annulées. Mais la rumeur et l’anticipation ont toujours ce don d’introduire ce grain de sable dans la machine.

FTI Group, 4ème TO mondial fort de ses 6 millions de voyageurs par an dont 100 000 clients émis par an sur le Maroc et dont le principal actionnaire n’est autre Sawiris (Orascom) qui réapparait dans le tour de table de réactivation de la SAEMOG, lui qui avait lâché du lest dans le projet de Oued Chebika à cause du manque de réactivité du Gouvernement marocain.    

En fait, on s’interroge sur la suite des événements concernant la réaction de son partenaire hôtelier marocain Atlas Hospitality Morocco (2ème groupe marocain pesant 26 hôtels avec une capacité dépassant les 9000 lits), liés à parts égales dans la société Meeting Point Hotels Morocco créée à cet effet dans l’objectif de «développer la plus grande structure de Family Clubs all inclusive au Maroc sous la marque maison de FTI Labranda », stipule le texte de leur partenariat. Un contrat opérationnel nécessitant l’injection d’un fonds de démarrage atteignant 650 millions de dirhams. De son côté, Atlas Hospitality portait 3 de ses unités commercialisées exclusivement par FTI Group sur le marché allemand sous label Labranda, à savoir: Les Dunes d’Or Beach Club 4* de 436 chambre à Agadir, « principal produit commercialisé par FTI depuis 2015 était Les Dunes d’Or à Agadir, il n’est plus un hôtel Labranda, donc le risque très réduit », précise Atlas Hospitality, et l’Idrissides Urban Club Marrakech, un 4* de 311 chambres dont les loyers semblent être à jour et le « contrat n’est valide que pour quelques mois encore ». Les deux ont initialement été rachetés à Fram en 2014. Seul l’hôtel Targa Marrakech, Club All In 4*  de 239 chambres et studios est en « joint-venture ; ce qui permet à AHM peut le reprendre à tout moment ; dès que l’occasion se présente », explique AHM. Pour l’instant, l’opérateur marocain minimise les effets de cette affaire de FTI Group sur ses intérêts, en affirmant que « les risques financiers avec FTI sont réduits au minimum depuis deux ans. AHM, a bien bouclé son partenariat et de ce fait bien protégé ». D’ailleurs, tout le laisse croire, AHM a les capacités nécessaires pour toujours se relever et se confirmer dans ses investissements.

Cet épisode est chargé d’enseignements pour la partie marocaine au vu du manque de visibilité dans ce genre de situations. Raison pour laquelle les opérateurs marocains doivent se poser sérieusement des questions sur la sécurisation de leurs engagements avec les partenaires étrangers, subissant de plein fouet les recrudescences d’un marché mondial fluctuant et de plus en plus instable.

On se souvient encore de la déconfiture vécue avec Thomas Cook dont l’onde de choc avait fait des victimes parmi ses partenaires du Maroc se chiffrant par milliards d’impayés. Un revers porteur de leçons pour les professionnels qu’il fallait pourtant assimiler pour se vacciner contre les potentielles récidives à venir, telle celle très probable de FTI Group.

Les risques et les précautions à prendre sont presque les mêmes : La « leçon » de l’assurance-crédit sur les créances touristiques à l’international dont on ne parle pourtant pas bien qu’elle soit salutaire. Mieux vaut prévenir que guérir. Quels enseignements faudrait-il en tirer? Quelles mesures adopter pour éviter d’être en très grande difficulté à l’avenir ? La réponse est simple : mettre en place des garanties pour les contrats internationaux réalisés par les Entreprises Marocains ? Pourquoi le tourisme n’adopte t-il pas la même démarche que celle poursuivie par le Centre Marocain des Exportations, à savoir l’assurance SMAEX, garantissant la sécurité des marchés à l’exportation ayant pour objet la gestion du système d’assurance à l’exportation ? Quand est-ce que le ministère du Tourisme peut-il envisager sa recommandation pour éviter les imprévus ? In fine, peut-on se permettre de dire que Atlas Hospitality aura misé sur une cause perdue d’avance, sachant qu’il était le seul groupe qui pouvait, à l’époque, se permettre l’alliance avec FTI Group ? Peut-être pas !

(A suivre)

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