Il est un peu avant midi, par un samedi ensoleillé, quand la route nationale 8, quittant les faubourgs de Fez, s’ouvre vers les collines du Saïs. Le GPS de notre auto indique encore dix kilomètres avant Sefrou, et déjà le paysage change : les vergers se raréfient, les montagnes d’Imouzzer se dessinent au loin. C’est là, presque en contrebas d’une route linéaire parfaite, que s’annonce l’Hôtel Relais Saiss, discret derrière ses murs couleur ocre et son portail métallique orné de motifs andalous.
Rien de tapageur à première vue: le Relais Saiss séduit, au premier impact, par le sentiment de pause qu’il inspire dès l’arrivée. Le parking est vaste, bien entretenu.
À la réception, une odeur légère de cire et de menthe se mêle à l’air frais d’une climatisation mesurée. Le personnel jeune pour la plupart, en tenue sobre, salue avec une politesse sincère : « Bienvenue, prenez votre temps ». L’enregistrement est rapide, sans formalités superflues, comme si l’hôtel avait compris que ses visiteurs viennent souvent après la route.

On a le sentiment que Le Relais Saiss a cette allure de maison d’étape du XXIᵉ siècle par ses deux bâtiments bas entourant une cour centrale, des galeries à arcades où l’on devine la fraîcheur le soir. La piscine, bleue et calme, reflète la façade aux teintes miel. Pas de design conceptuel, pas d’effet Instagram, juste des volumes simples, équilibrés, faits pour durer.
En entrant dans la chambre, la surprise est modeste mais réelle où tout est propre, lumineux et bien entretenu. La literie est ferme, les draps impeccables, la climatisation fonctionne sans bruit. Sur le balcon, une vue sur le jardin, le murmure de l’eau du bassin et, au loin, la ligne des collines.
Pas de décoration magazine. Ce qui distingue le Relais Saiss, c’est avant tout la constance du service humain sans façon. À plusieurs reprises, nous avons pu vérifier que des voyageurs soulignent dans leurs avis : un café servi avant l’heure du petit déjeuner, une réparation improvisée d’une valise, un plat cuisiné à la demande, etc.
Lors de mon séjour, un couple de touristes espagnols, arrivé tard dans la nuit, s’est vu proposer une soupe chaude « parce qu’il faisait frais sur la route », nous raconte un jeune serveur. Ce genre de geste, qu’aucun protocole hôtelier ne prévoit, raconte mieux qu’une note TripAdvisor la philosophie de la maison, une hospitalité sans apprêt, mais réelle.
Le restaurant, installé dans une salle simple et claire, propose une carte courte composée de tagines, brochettes, couscous et quelques plats européens. Rien d’ostentatoire, mais les produits sont frais, les portions généreuses et le pain sort du four encore tiède. Le soir, les clients des chambres croisent des familles locales venues dîner, signe que l’adresse est aussi connue dans la région, ce qui, au Maroc, reste un bon indicateur de confiance.
Au fil de la journée, on comprend que l’hôtel est aussi un lieu de sociabilité locale. Dans la grande salle polyvalente, des préparatifs de mariage s’organisent ; plus tard, sous les tentes dressées dans le jardin, des musiciens s’accordent. L’hôtel prête ses espaces aux événements du voisinage comme les mariages, les réunions professionnelles, les fêtes familiales. Ce mélange de voyageurs de passage et d’habitants donne au lieu une âme hybride, ni strictement touristique ni purement rurale.

L’hôtel reste fidèle à sa promesse, ni resort, ni riad, mais un vrai relais, au sens noble du mot, un endroit où l’on s’arrête, où l’on se repose, et d’où l’on repart plus léger.
Pour les voyageurs qui veulent comme nous explorer la région, c’est un excellent camp de base. En une demi-heure, on rejoint la médina de Fez, en quarante minutes, les forêts d’Ifrane et tout près, Sefrou offre ses cascades et ses ruelles bleutées.
En définitive, l’Hôtel Relais Saiss n’essaie pas d’être ce qu’il n’est pas. Il se contente d’être juste, sincère et cohérent : un établissement 3 étoiles qui fait bien ce qu’il promet. Le voyageur exigeant mais lucide y trouvera un confort honnête, une hospitalité vraie et un emplacement qui conjugue proximité et sérénité.
C’est un lieu de confiance. Et de nos jours, où l’authenticité hôtelière devient rare, cela suffit largement à en faire une adresse précieuse.




