L’impact stratégique de l’événementiel et l’animation urbaine
Franchement, le 1er Colloque International de la Commune d’Aït Taguella, tenu le 14 juin 2025 sous le thème « Tourisme et régionalisation au Maroc : quelle articulation pour un développement territorial ? », a permis de cristalliser une ambition partagée entre savoir académique, volonté politique et engagement local. Azilal aura été, le temps de ce colloque, un épicentre de cet élan volontariste des acteurs touristiques locaux, regroupés au sein de leur CPT, présidé par Hamid Ouallam, un sacré bonhomme professionnel qui a le fibre du tourisme depuis plus d’une vingtaine d’années. Objectif faire des ce territoire un produit écologique et de terroir à cent pour cent, en fait un moteur de l’innovation touristique, en dépassant les logiques descendantes classiques. Organisé par le Laboratoire LERMA de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, en partenariat avec la Commune d’Aït Taguella. L’implication du CPT Azilal ne s’est pas limitée à un appui logistique ou institutionnel, celui-ci a été bel et bien un partenaire actif dans la conception même des thématiques du colloque, traduisant sa volonté de repositionner le tourisme provincial sur des bases stratégiques, inclusives et durables.

D’ailleurs, mobilisé par la dynamique de son bureau renouvelé, le CPT Azilal, quoiqu’encore jeune, a multiplié ce type d’initiatives pour articuler vision locale du produit tout en étant intégré dans l’ensemble de la région Béni-Mellal Khénifra et expertise nationale. Il compte actionner son aspect interface de coopération bien impliquée entre les élus, les opérateurs privés, la société civile et les chercheurs. D’ailleurs, en facilitant les passerelles entre ces univers parfois disjoints, il a permis de transformer le colloque en espace de co-production des politiques publiques touristiques.
Plus encore, le CPT a porté un plaidoyer fort pour la territorialisation effective de la stratégie touristique régionale. Conscient que les spécificités de la province -entre Haut Atlas central, vallées enclavées et sites naturels d’exception- ne peuvent être réduites à une approche standardisée, le Conseil a défendu l’idée d’une gouvernance fondée sur l’écoute des besoins de terrain et la valorisation des ressources endogènes.

Cette édition inaugurale s’est démarquée par une forte cohérence entre les interventions scientifiques et les préoccupations concrètes du territoire. L’intervention de Mustapha Hassani, retraçant l’évolution des politiques touristiques dans le contexte de la régionalisation avancée, a mis en lumière la nécessité de désenclaver le tourisme de la verticalité administrative, au profit d’une gouvernance distribuée, où le rôle du CPT est central.
Fatima Gebrati, initiatrice et coordinatrice du colloque, a d’ailleurs salué l’engagement du CPT Azilal, en soulignant qu’il incarne un modèle à suivre : un Conseil Provincial non pas passif ou décoratif, mais moteur d’intelligence territoriale, porteur de projets et catalyseur de l’écosystème local.
Ce positionnement du CPT a été particulièrement visible dans les ateliers de recommandations, où ses représentants ont défendu des propositions ambitieuses :
-La création d’un Conseil Local du Tourisme (CTL) au niveau de chaque commune à fort potentiel touristique, sous l’égide du CPT,
-la mise en place d’un observatoire provincial pour suivre les flux, la qualité de l’offre, et les retours visiteurs,
-la labellisation des produits touristiques locaux, en lien avec les initiatives communautaires et les normes internationales.

Au fil des débats, les intervenants -chercheurs, praticiens, élus- ont convergé vers une idée fondatrice : le tourisme ne doit plus être pensé comme un secteur autonome, mais comme un levier structurant de la régionalisation. Pour cela, il doit s’articuler à l’agriculture de montagne, à l’artisanat, aux traditions locales et à la gestion des ressources naturelles.
Le CPT Azilal, dans cette perspective, s’affirme dans sa convergence, capable d’accompagner la transition du tourisme saisonnier vers un modèle territorial résilient et intégré. Il est aussi, comme l’affirme son Présiednt Hamid Ouallam, appelé à jouer un rôle dans la formation continue, la professionnalisation du secteur, et la digitalisation de la communication territoriale, notamment via des partenariats avec les universités et les jeunes entrepreneurs.

Le colloque d’Aït Taguella démontre, de ce fait, que lorsqu’un Conseil Provincial du Tourisme sort de son rôle purement promotionnel pour devenir un producteur de vision et de méthode, il peut transformer un territoire enclavé en laboratoire d’innovation territoriale. Cette posture active du CPT Azilal pourrait inspirer d’autres provinces confrontées à des défis similaires.
Elle interpelle aussi l’État et les régions : pour que la régionalisation avancée réussisse, elle doit s’appuyer sur des institutions intermédiaires agiles, légitimes et enracinées, à l’image du CPT Azilal, désormais identifié comme un pilier de la transition touristique dans le Haut Atlas.