mustapha amal 
Il semble que le Marriott Jnan Palace affiche une autre vision du luxe avec un espace ouvert, modulable et moderne et ça lui réussit. Ici, le patio andalou est conçu pour devenir un centre vivant de rencontres et d’échanges culturels. Ici encore, la gastronomie est revisitée en dialogue avec les producteurs du terroir, de l’huile d’olive de Bhalil au safran de Taliouine. Sous la direction de M. Hein, l’hôtel se métamorphose pour accueillir comme il se doit aussi bien les équipes nationales de football que des congressistes internationaux, tout en réinventant une marocanité subtile, débarrassée du folklore.
Avec ses vastes jardins et sa capacité d’accueil qui en fait l’un des rares hôtels de la ville à pouvoir recevoir congrès, délégations sportives ou familles internationales, il se distingue par une offre hybride pour répondre aux usages contemporains.
Le point avec Hein Broekhoven…
-Comment définiriez-vous aujourd’hui l’ADN spécifique du Marriott Jnan Palace par rapport aux autres établissements de luxe à Fez, notamment ceux ancrés dans la médina ou plus typés “palais” ?
Le Marriott Jnan Palace se distingue par un positionnement singulier : celui d’un établissement de standing international ancré dans l’héritage architectural et culturel de Fez. Nous ne sommes ni un riad intimiste, ni un palais ostentatoire, mais un hôtel de grande capacité, avec des jardins, une piscine, plusieurs restaurants et un patio andalou, le tout dans un esprit de raffinement sobre. Ce qui nous différencie, c’est notre capacité à conjuguer confort moderne, hospitalité marocaine, et expériences personnalisées dans un cadre spacieux et élégant.
-Fez est une ville de tradition, d’artisanat et d’intellectuels. Quelles formes de marocanité souhaitez-vous préserver ou mieux valoriser dans l’expérience client, sans tomber dans le folklore figé ?
Nous cherchons à faire vivre à nos hôtes une marocanité vivante, sincère, jamais caricaturale. Cela passe par des choix musicaux subtils, des objets de décoration réalisés par des artisans locaux, des attentions olfactives inspirées de notre terroir, ou encore une gastronomie marocaine pensée pour être à la fois fidèle aux racines et accessible aux palais internationaux. L’idée n’est pas de figer la tradition mais de la faire dialoguer avec les attentes d’aujourd’hui.
-Le patio andalou et les éléments d’architecture arabo-mauresque de l’hôtel font-ils partie intégrante de votre stratégie d’identité ou sont-ils sous-exploités selon vous ?
L’hôtel est en constante évolution, dans le respect de son cachet authentique. Le patio andalou, par exemple, fait actuellement l’objet d’un réaménagement afin de le rendre encore plus accueillant et fonctionnel. Ce lieu emblématique au cœur de l’hôtel est une véritable représentation de l’architecture fassie, nous souhaitons en faire un espace de vie, de rencontres et de culture, à la hauteur de son héritage.
-Comment conciliez-vous les standards Marriott (souvent très normés) avec les attentes spécifiques d’une clientèle marocaine ou maghrébine qui a d’autres codes de luxe (notamment en matière de restauration, hospitalité et temporalité) ?
Les standards Marriott constituent un socle solide, garant de qualité et de reconnaissance à l’échelle mondiale. Cela dit, Marriott accorde à ses établissements une flexibilité précieuse qui nous permet de personnaliser l’expérience client en fonction des attentes locales. À Fez, cela se traduit par une restauration pensée avec Madaëf autour de concepts qui parlent aux goûts marocains, une approche plus intuitive du service, et une attention particulière à la temporalité du séjour. L’excellence opérationnelle s’y conjugue avec une écoute culturelle fine.
-Avez-vous repensé la distribution des chambres (vue, superficie, équipements) en fonction des usages réels observés à Fez ? Par exemple, la demande de suites familiales interconnectées est-elle en hausse ?
Nous adaptons activement la configuration de nos chambres afin de répondre aux tendances actuelles du marché à Fez.
Nous constatons notamment une préférence accrue pour les chambres offrant une belle vue, ainsi qu’une demande grandissante en matière de confort et d’équipements modernes, tels que la connectivité haut débit, une literie de qualité supérieure et des espaces modulables, adaptés aux différents profils de voyageurs. Ces ajustements s’inscrivent dans notre stratégie visant à mieux répondre aux besoins de notre mix clientèle, composé de voyageurs loisirs, affaires, congressistes, et touristes internationaux issus de marchés comme Les USA, la France la Chine, le Canada, l’Europe et le Royaume-Uni.
-Peut-on parler aujourd’hui d’une personnalisation systématique du service au Marriott Fez, ou reste-t-on sur un modèle standardisé ? Avez-vous des exemples récents où le personnel a adapté son comportement à un client précis, au-delà du protocole ?
La personnalisation est au cœur de notre quotidien. Nous accueillons régulièrement des délégations sportives internationales, comme les équipes nationales tunisienne ou béninoise de football. Cela implique un accompagnement sur-mesure : des menus spécifiques, des espaces privatifs pour leurs entraînements ou leur détente, et une gestion des chambres optimisée pour leur confort. Ces expériences nous préparent activement à accueillir les événements sportifs d’envergure à venir, notamment la Coupe d’Afrique ou la Coupe du Monde 2030.
-La gastronomie marocaine fait partie du patrimoine immatériel de l’UNESCO. Quelles initiatives concrètes avez-vous prises (ou allez-vous prendre) pour reconnecter la carte du restaurant aux produits locaux, au terroir de Fez et aux recettes patrimoniales ?
Nous avons la chance d’héberger l’un des plus beaux restaurants marocains de Fez : Jnan Fassi. Ce lieu va prochainement faire l’objet d’un rebranding complet, afin d’exprimer encore davantage les richesses culinaires de la région. L’idée est de proposer une carte néo-classique, à la fois fidèle à la tradition et en phase avec les nouvelles attentes : authenticité, saisonnalité, et mise en valeur du terroir local.
-Travaillez-vous avec des coopératives rurales, des artisans ou des producteurs locaux pour vos approvisionnements (huile d’olive de Bhalil, safran de Taliouine, fromages de Sefrou, etc.) ?
Absolument. Nos équipes collaborent avec plusieurs producteurs régionaux afin d’offrir à nos hôtes une expérience gustative enracinée dans le terroir. Cette approche suscite chez nos hôtes une curiosité naturelle pour les produits, qui se traduit souvent par une envie d’explorer davantage la région et ses savoir-faire.
-L’hôtel est situé hors médina, dans un quartier administratif. Comment pensez-vous établir un lien plus organique avec le tissu culturel, économique et associatif de la ville ?
Notre emplacement est en réalité un atout : nous sommes à la croisée des chemins entre la ville nouvelle et la médina, à proximité immédiate des grandes institutions, des centres culturels et des lieux de vie. Nous collaborons régulièrement avec les événements culturels majeurs de Fez, et souhaitons renforcer cette synergie en intégrant des expériences immersives, aussi bien dans l’hôtel qu’au sein même de la médina. Le Fez Marriott Jnan Palace peut devenir un trait d’union entre passé et présent, entre tradition et modernité.
-Quel est le profil type de votre clientèle aujourd’hui (en % : MENA, Europe, Afrique, domestique) ? Quels segments souhaitez-vous développer ou corriger ?
Notre clientèle principale est domestique, composée de voyageurs loisirs, de clients affaires, ainsi que de participants aux différents congrès organisés au sein de l’hôtel. La deuxième catégorie de clientèle provient des États-Unis, dans le cadre de circuits touristiques à travers les villes impériales ainsi que des clients Marriott Bonvoy. Les visiteurs français occupent la troisième position. Le mix de clientèle inclut également des touristes en provenance de Chine, de Taïwan, du Canada, ainsi que de plusieurs pays européens tels que l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni.
Nous visons à développer le segment MICE international, en attirant une clientèle étrangère intéressée par les événements proFezsionnels. Nous souhaitons également renforcer notre position auprès des golfeurs, des amateurs de bien-être, ainsi que des clients haut de gamme à la recherche d’expériences luxueuses.
-Travaillez-vous sur des offres combinées avec d’autres destinations marocaines dans la chaîne Marriott (par ex. Marrakech + Fez) pour renforcer l’attractivité ?
Oui, nous avons récemment lancé l’offre Visit Imperial Cities en sur les villes de Marrakech et Rabat ainsi Fez. L’objectif est d’encourager un tourisme culturel et itinérant, permettant aux voyageurs de découvrir plusieurs facettes du Maroc tout en bénéficiant du confort et de la continuité de l’expérience dans chaque ville. C’est une façon de raconter un Maroc pluriel, riche et toujours accueillant.
-À ce stade de votre prise de poste, quel serait l’empreinte personnelle que vous aimeriez laisser au Marriott Fez, qui ne soit ni visible sur TripAdvisor ni dictée par la direction régionale ?
Mon ambition est de cultiver un véritable esprit d’équipe “Team work makes dream work », où chaque collaborateur se sent valorisé, écouté et libre d’exceller dans son rôle. Donner aux équipes les moyens, la confiance et l’inspiration nécessaires pour exprimer tout leur potentiel, c’est, selon moi, la clé pour façonner un hôtel qui incarne à la fois les standards internationaux et une âme profondément ancrée dans sa ville. Plus qu’une signature personnelle, c’est un héritage collectif que je souhaite voir perdurer.
