Vendredi 3 octobre 2025, la cheffe pâtissière marocaine Chayma Boutkabout a remporté la IIᵉ édition du Premio Internacional de Alta Pastelería Paco Torreblanca, récompense consacrant la « Meilleure tarte au chocolat du monde » — lors de la foire Alicante Gastronómica. Sa pièce, primée par un jury rassemblant des figures comme Martín Berasategui, Paco Torreblanca, Jordi Roca et Oriol Balaguer, a convaincu tant pour sa maîtrise technique que pour son propos gustatif et visuel.
La création de Boutkabout s’est distinguée à plusieurs niveaux concrets et vérifiables : elle a été réalisée sans moules, jouant entièrement de gestes manuels pour donner forme aux volumes ; elle a intégré une note de whisky fumé, un élément rare et risqué en pâtisserie, et un riz sauvage pour apporter une contre-texture inattendue. Le jury a souligné la difficulté technique liée à l’emploi du fumé en pâtisserie. Par ailleurs, la cheffe a voulu délivrer un message écologique en s’orientant vers un procédé artisanal qui tend à réduire l’usage de matériaux jetables.
Le prix, doté de 3 000 €, se tient dans le cadre d’Alicante Gastronómica et est organisé par l’École Torreblanca ; la deuxième place est revenue à l’Équatorien Steben Gaviño (2 000 €) et la troisième au hispano-argentin Martín de Luca (1 000 €). Cette deuxième édition s’appuie sur des phases de sélection internationales (notamment en Amérique latine) et rassemble un jury de très haut niveau, gage d’exigence technique et d’audience médiatique pour les lauréats.
Née à Al Hoceima et installée à Barcelone, Chayma Boutkabout, 27 ans, officie comme cheffe de production à la pâtisserie L’Atelier. Son cursus professionnel inclut des passages dans des maisons étoilées (ABaC, Disfrutar, Koy Shunka), un parcours qui explique sa maîtrise des techniques de pointe tout en conservant une sensibilité aux traditions réinterprétées.
Sur le plan symbolique, la victoire d’une jeune cheffe marocaine à un concours européen de très haute visibilité valide plusieurs tendances : la professionnalisation croissante des talents nord-africains, la porosité des carrières transfrontalières en pâtisserie contemporaine, et la montée en puissance des thématiques de durabilité et d’authenticité revisitée au sein des concours internationaux.
Pour la cheffe : la récompense représente un double capital, crédibilité technique et plateforme de visibilité, qui peut déboucher sur collaborations, interventions en écoles, ou invitations dans d’autres festivals. Pour le secteur marocain et la diaspora, c’est une occasion de repenser l’enseignement (intégrer davantage la haute technique aux traditions locales) et la valorisation des matières premières autochtones (cacao de filière, céréales locales, méthodes de conservation moins plastiques).
Reste à transformer cette victoire en trajectoire durable : pour la cheffe et pour la filière, l’enjeu est d’ancrer ces succès dans des pratiques professionnelles et commerciales qui tiennent la durée.




