13 décembre 2024

Booking, un mal nécessaire ?

Si les plateformes internationales de réservation contribuent, bon gré mal gré, au taux d’occupation des structures d’hébergement touristique, elles ont tendance à exercer des pressions diverses sur leurs partenaires hôteliers et compagnie au moment où ils s’y attendent le moins, surtout durant le rush des vacances: commissions exagérées, obligation de payer les dites commissions en devises, concurrence déloyale aux agences de voyages nationales acculées à grignoter des marges ridicules, etc. Des impasses intolérables ayant fini par excéder la patience des structures d’hébergement touristiques qui n’en peuvent plus et qui les ont amenés à exiger de booking.com à s’asseoir à la table de négociations pourvu d’en minimiser l’impact. C’est de bonne guerre et tout à fait légitime…

Qu’elles soient des hôtels, des riads ou des maisons, toutes les unités partenaires de la plateforme se disent lésées à des degrés différents certes. Mais qu’en est-il au juste dans le fonds ? Où si situerait le point de discorde entre booking.com et ses partenaires marocains ?

Abdelkader Benkirane, propriétaire d’un riad à Fez et Président de l’Association Régionale des Riads et Maisons d’Hôtes de Fez-Meknès nous en livre un avant-goût plutôt terre-à-terre…

Quel impact aura la dernière décision de booking.com sur le business des maisons d’hôtes et riads dans la région Fez-Meknès, sachant qu’elle a révolté toutes les structures d’hébergements touristiques marocaines partenaires de la plateforme ?

Il faut dire qu’en termes de réservations et d’activité, cela n’aura que peu d’impact si ce n’est que cela devrait pousser les hébergeurs à investir pour développer les réservations directes. Par contre, cette décision a le désavantage de majorer le coût des commissions puisqu’il y aura des frais supplémentaires applicables aux virements internationaux.

Pour information, le taux de commission Booking (qui s’applique sur le chiffre d’affaires TTC) est de 17%, soit plus élevé au Maroc qu’en Europe. Si l’EHT opte pour le programme préféré ce taux monte à 20%, sans oublier le tarif Genius qui accorde une réduction minimale de 7%… Au final, le taux de commission atteint facilement les 30%… Si on y soustraie encore la TVA de 10 % ainsi que les commissions TPE s’élevant à 3% TTC, les maisons d’hôtes n’encaissent en réalité que 60%, voire 55% du montant de départ affiché sur booking…

Comment comptez-vous faire face à cette décision pénalisante pour en minimiser justement l’impact ?

Plusieurs possibilités d’actions sont possibles :

-Pression sur les autorités de tutelle marocaines (Tourisme, Finances…) pour qu’elles obligent Booking à respecter la réglementation fiscale du pays.

– limiter l’offre disponible sur la plateforme

-sensibiliser les voyageurs d’éviter les réservations via booking, en réservant directement auprès des établissements.

-organiser une « grève » des réservations.

– demander l’interdiction comme en Turquie, des réservations effectuées sur la plateforme par les résidents marocains.

La mesure décidée par Booking a pour effet de remettre sur la table des sujets comme :

– obtenir la suppression de la parité tarifaire comme en Europe.

– une réduction du taux de commission.

-Calculer la commission sur le HT et non le TTC.

Tous les professionnels s’accordent à dire que les démarches poursuivies par la plateforme sont illégales. Comment l’expliquez-vous concrètement ?

Illégales en ce sens que Booking réalise un chiffre d’affaires au Maroc, sur des prestations réalisées au Maroc, parfois par des marocains et tout cela sans s’acquitter du moindre impôt et taxe locale.

C’est aussi totalement immoral car ce système d’échappement fiscal pénalise l’Etat Marocain et donc, au final, le citoyen.

Par ailleurs  il semblerait que Booking envisage de n’appliquer la mesure annoncée qu’aux « petits » acteurs. Mais cela reste à vérifier…

De plus, Booking commercialise tous types d’établissements et d’hébergement, classés ou non classés par le ministère du Tourisme sans distinction ni différenciation…

La structuration des unités d’hébergement touristique en association régionale vous donnera-t-elle assez de force pour que votre voix soit plus entendue ?

Dans la région Fez-Meknès, les Riads et Maisons d’Hôtes classés représentent une offre essentielle dont la progression depuis la fin de la crise Covid est supérieure aux autres types d’hébergements. Le fait d’être regroupés au sein de l’ARRMH FM qui est, depuis peu, partie prenante dans l’ARIH FM, nous permettra assurément de faire entendre notre voix.

Qu’on l’admette ou non, booking est un mastodonte, leader mondial qui excelle dans la commercialisation et la distribution d’hébergements en ligne. Aucune destination touristique ne peut s’en passer,  mais pas au détriment des fondements réglementaires, économiques, fiscaux et sociétaux de tout un peuple : « L’impôt constitue un fondement de la citoyenneté ».

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