mustapha amal 
L’aéroport d’Essaouira-Mogador connaît ces derniers temps une valse aérienne quelque amène mais sûre, répondant de la sorte à la demande touristique. Avec l’ajout récent de six nouvelles liaisons, notamment deux vers Rabat, Nantes, et Lyon, cet aéroport devient un modèle de développement régional. À cela s’ajoutent des dessertes régulières vers des destinations majeures comme Paris-Orly (5 vols par semaine), Marseille (3 vols), et Bruxelles (2 vols), consolidant son rôle stratégique dans le tourisme national et international. Cependant, si l’on a à comparer, cette dynamique met en lumière un contraste frappant avec la situation stagnante et malheureuse de l’aéroport de Ouarzazate.
Essaouira bénéficie d’un soutien actif des compagnies aériennes comme Ryanair et Transavia, qui ont su capitaliser sur la demande croissante pour cette destination touristique. En 2024, la ville a accueilli plus d’un million de visiteurs, enregistrant une augmentation significative du trafic aérien et des nuitées touristiques. Ce succès repose sur une stratégie claire visant à améliorer la connectivité aérienne et à répondre aux besoins des voyageurs européens, notamment grâce à des accords ciblés entre les autorités locales et les transporteurs aériens.
En revanche, Royal Air Maroc s’est totalement désengagée de l’aéroport d’Essaouira, ce qui n’a pas empêché la ville de prospérer grâce à l’implication proactive d’acteurs privés comme Ryanair et EasyJet, en plus d’Air Arabia à partir du 14 avril courant. Cette approche montre que le développement aérien peut être porté par une vision stratégique cohérente, même en l’absence du soutien direct de la compagnie nationale.
À l’opposé, Ouarzazate continue de souffrir d’un désintérêt flagrant en matière de connectivité aérienne. Malgré son potentiel touristique unique -entre ses paysages désertiques, ses studios cinématographiques renommés et sa proximité avec des sites comme Zagora ou Erfoud- la région Draa-Tafilalet semble rechigner à mobiliser les ressources nécessaires pour faire émerger Ouarzazate comme un hub stratégique pour le Grand Sud marocain.
Actuellement, l’aéroport de Ouarzazate est desservi par seulement trois routes domestiques (Casablanca, Tanger, Zagora) et quelques vols internationaux sporadiques vers Paris-Orly ou Marseille. Ce manque de connectivité freine considérablement le développement touristique et économique de la région. Contrairement à Essaouira, où le lobbying aérien est orienté vers une vision globale et complémentaire, Ouarzazate pâtit d’une gestion fragmentée qui privilégie des intérêts locaux au détriment d’une stratégie cohérente.
Pour les experts, la région Draa-Tafilalet doit impérativement revoir sa stratégie pour capitaliser sur Ouarzazate comme point d’accès majeur au Grand Sud marocain. En renforçant les liaisons aériennes avec des destinations comme Marrakech ou Agadir et en développant des partenariats avec des compagnies internationales, Ouarzazate pourrait bon gré mal gré tirer son épingle du jeu. Cela permettrait un ruissellement économique bénéfique pour les villes voisines telles que Zagora ou Tinghir.
Le désintérêt actuel reflète un manque de vision stratégique. Alors que Essaouira démontre qu’une mobilisation efficace peut transformer une petite ville en destination phare, Ouarzazate reste prisonnière d’une inertie administrative et politique qui limite son potentiel.
En effet, le contraste entre Essaouira et Ouarzazate illustre deux approches diamétralement opposées du développement régional au Maroc. Tandis qu’Essaouira prospère grâce à une stratégie claire portée par des acteurs privés dynamiques, Ouarzazate reste en retrait, victime d’une gouvernance publique à l’aveugle manifeste par un désintérêt qui compromet son rôle dans le tourisme national. Il est urgent que les responsables régionaux adoptent une vision ambitieuse pour faire émerger Ouarzazate comme un hub incontournable du Grand Sud marocain, si c’est ce qu’on veut bien sûr !.
