L’impact stratégique de l’événementiel et l’animation urbaine
Il y a une année et quelque (précisément le 15 avril 2024), le Royal Mansour Casablanca ouvrait ses portes dans la métropole, augurant une nouvelle dimension dans l’hôtellerie de luxe. Un an plus tard, ce magnifique palace persévère dans la redéfinition des contours de l’élégance urbaine made in Morocco, en affirmant sa singularité atemporelle.
Il serait quelque peu tiré par les cheveux de qualifier le Royal Mansour Casablanca de simple « déclinaison urbaine » du mythique Royal Mansour Marrakech. Dès l’origine, le projet a été pensé non comme un doublon, mais comme une pièce maîtresse indépendante, s’inscrivant dans la matrice spécifique de Casablanca : une métropole verticale, nerveuse, traversée par les flux économiques et culturels du XXIème siècle.
D’abord, le palace s’insère agréablement dans son entourage immédiat, surtout près du quartier de l’ancienne médina, à la frontière des zones financières, culturelles et portuaires. Une parfaite intégration avec une logique de couture urbaine, plutôt que d’extraction, une rareté dans un secteur hôtelier qui privilégie souvent l’isolement comme synonyme de luxe.
Contrairement aux modèles standardisés de luxe international, le Royal Mansour Casablanca se distingue par une lecture fine de son environnement. L’expérience client, en plus d’être pensée en termes de confort et de raffinement -qui sont d’ailleurs des acquis, révèle une mise en scène d’un luxe enraciné : marbre provenant majoritairement d’Italie, menuiserie et stucage exécutés par des maîtres-artisans marocains, dans une architecture mêlant audace contemporaine et références mauresques filtrées par une esthétique urbaine.
L’innovation réside ici dans la capacité à conjuguer le respect d’un patrimoine immatériel avec une exigence de modernité discrète. Ce n’est pas l’ostentation qui prime, mais l’excellence discrète, ce que certains experts qualifient aujourd’hui de « luxe de la précision ».
L’impact du Royal Mansour s’évalue aussi dans sa capacité à redessiner la carte d’attractivité de Casablanca. En accueillant des événements internationaux -colloques économiques, dîners diplomatiques, expositions confidentielles- le palace casablancais s’est affirmé en lieu de pouvoir doux, où se nouent des alliances, se croisent des décideurs et se façonnent des réseaux d’influence.
Il agit comme un levier géoéconomique : par sa seule présence, il participe à reconfirmer Casablanca comme hub stratégique du luxe en Afrique, au même titre que Johannesburg ou Lagos, mais avec un supplément d’âme culturelle et patrimoniale. Ce positionnement est renforcé par une offre gastronomique qui joue sur le registre de la haute cuisine marocaine repensée : la table du Royal Mansour Casablanca, dirigée par un chef d’envergure internationale, est devenue en un an une destination à part entière.
Cette approche se trouve consolidée par une proposition gastronomique d’exception qui s’inscrit dans les codes de la haute cuisine. Au 23ème étage, La Grande Table Marocaine déploie un art culinaire raffiné dans un cadre évoquant l’univers des mille et une nuits, tandis que le Rooftop offre une expérience méditerranéenne unique avec sa vue panoramique sur Casablanca et la mosquée Hassan II. Sous l’inspiration d’Eric Frechon, Chef Meilleur Ouvrier de France, La Brasserie se révèle comme un espace de vie sophistiqué, animé du dynamisme et de l’énergie de la métropole casablancaise du matin au soir. Le Sushi Bar, quant à lui, célèbre l’authenticité de l’art culinaire japonais à travers son menu omakase et sa sélection de nigiri sushis, sashimis et tempuras à la carte, transformant chaque création en véritable œuvre d’art
Le profil de la clientèle du Royal Mansour Casablanca mérite aussi une attention particulière : on observe une montée en puissance des touristes ultra-affluents africains, des figures de la tech et de la finance de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi des entrepreneurs de la diaspora marocaine. Cette mutation souligne l’émergence d’un « cosmopolitisme africain de luxe », où Casablanca joue le rôle de carrefour stratégique, à égale distance des capitales économiques européennes et des centres de croissance continentaux.
Enfin, ce premier anniversaire souligne la capacité du Royal Mansour Casablanca à instaurer une « hôtellerie d’auteur », dans un secteur encore dominé par des chaînes internationales où l’expérience est souvent interchangeable. Ici, chaque détail -de l’accueil en darija élégante à la composition olfactive des espaces- participe à une grammaire singulière, celle d’un établissement qui revendique une identité forte sans exclure l’ouverture.
Contrairement à de nombreux établissements de luxe qui cherchent un remplissage rapide à coups de campagnes agressives, le Royal Mansour Casablanca a opté pour une stratégie de montée en charge progressive. Les taux d’occupation ont été volontairement modérés les six premiers mois, dans une logique d’affinage de l’expérience client.
Aujourd’hui, le taux moyen d’occupation oscille entre 65 % et 72 %, un chiffre élevé compte tenu du positionnement ultra premium (moins de 80 chambres), du ticket moyen supérieur à 7 500 MAD/nuit, et d’une cible ultra sélective. Le taux de retour des clients dépasse 30 %, un indicateur rare dans le segment palace urbain.
Mais plus que la fréquentation, c’est le niveau de satisfaction exprimée qui constitue un signal fort : le Net Promoter Score (NPS) avoisine les 85, bien au-delà de la moyenne du secteur, signalant une fidélité émotionnelle forte.
Les données internes montrent que près de 40 % des clients sont originaires du continent africain, en particulier du Nigéria, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, un chiffre inédit dans le paysage hôtelier casablancais traditionnellement tourné vers l’Europe. Cette réorientation géographique conforte le repositionnement stratégique de Casablanca en rendez-vous panafricain de l’hôtellerie et des affaires.
Le palace est ainsi en train de créer un usage inédit de la ville : un séjour de luxe motivé par l’esthétique et l’ambiance plus que par la seule productivité.
Au-delà des chambres, le Royal Mansour Casablanca a conçu son offre comme un outil de diplomatie douce. En un an, le palace aura accueilli plus de 80 événements privés et institutionnels de haut niveau…
L’hôtel est tout bonnement devenu un vecteur d’image et un outil d’activation au service de l’influence marocaine.
De plus, le Royal Mansour Casablanca a évité le piège d’une sous-traitance fragmentée en développant un modèle intégré : personnel formé en interne, sourcing local premium, filières artisanales réactivées. Résultat : un taux de satisfaction sur la restauration et les services atteint 94 %, avec un menu de signature marocain revisité devenu emblématique.
Côté performance économique, la rentabilité brute (EBITDA) dépasse déjà les prévisions initiales, grâce à une structure de coûts optimisée, une politique de pricing assumée et une absence de dépendance à la saisonnalité, rare dans le secteur.
Enfin, fait révélateur : plusieurs grands groupes hôteliers de la région étudient aujourd’hui le modèle Royal Mansour Casablanca en tant que prototype de luxe ultra-contextualisé. Il s’agit d’intégrer certaines logiques : autonomie stratégique, architecture identitaire, attention au récit local, minimalisme ultra-sélectif dans les partenariats commerciaux. Le palace devient ainsi un cas d’école pour repenser l’hôtellerie de demain dans les métropoles africaines.
En un mot, le Royal Mansour Casablanca ne vend pas simplement des nuits, il compose des expériences-signatures qui redéfinissent Casablanca comme une destination dotée d’une âme…