L’impact stratégique de l’événementiel et l’animation urbaine
Le 18 juin 2025, la Commission Économique et Financière de la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) a invité le Président de la CNT Hamid Bentahar à une réunion importante consacrée à un sujet au cœur de la transformation nationale : « Tourisme et compétitivité économique : quels modèles pour un Maroc attractif ? ». Plus qu’un échange pur et simple, cette rencontre, animée justement par Hamid Bentahar, a donné lieu à un exposé clair, documenté et stratégique sur les leviers à actionner pour arrimer le Maroc en destination puissance touristique compétitive et en perpétuelle croissance.
L’annonce marquante de M. Bentahar : l’objectif de 17,4 millions de touristes, initialement prévu pour 2026, a été atteint dès 2024. Ce dépassement, au-delà d’être un bon chiffre, symbolise un changement de paradigme dans la gouvernance touristique nationale. Il valide surtout l’efficacité d’un écosystème mobilisé, où la coordination entre les entités publiques, les fédérations professionnelles, l’ONMT, les territoires et les opérateurs privés est devenue la norme. Cette dynamique collaborative, nommée par la CNT « stratégie Tbourida », emprunte à l’art équestre l’idée d’une performance collective alliant rigueur, engagement et synchronisation.
Mais le vrai tournant de cette réunion réside ailleurs : dans le refus de se satisfaire d’une croissance purement arithmétique. La vision portée par le CNT inscrit résolument le tourisme dans une logique de transformation durable, inclusive et territorialisée. Atteindre des records de fréquentation est une chose. Créer des emplois durables, répartir équitablement les flux, stimuler l’investissement productif dans les régions, valoriser le patrimoine immatériel ou encore adapter les formations aux exigences de la profession en sont d’autres. Et c’est là toute la complexité et la richesse du modèle marocain en construction, très bien argumentés par Hamid Bentahar.

C’est ainsi qu’il a expliqué que la compétitivité touristique au Maroc se redéfinit comme un ensemble de leviers systémiques :
-Connectivité aérienne accrue : +20 % de sièges par rapport à 2023, partenariats renforcés avec des compagnies comme Ryanair, ouverture de nouvelles liaisons vers des marchés stratégiques (Marrakech-New York, par exemple).
-Modernisation de l’hébergement : rénovation de 62 000 lits, création de 40 000 chambres, montée en gamme et diversification des formes d’accueil.
-Développement de l’offre de loisirs et culture : animation territoriale, clusters touristiques thématiques, soutien à l’économie créative, y compris les festivals, l’e-sport et le gaming.
-Capital humain : initiatives comme Kafaa (reconnaissance des acquis), Cap Excellence, CNT Academy, et co-construction de formations métiers avec l’OFPPT et le ministère de tutelle.
-Observatoire du tourisme renforcé : pour piloter la transformation à partir de données fiables, en lien avec l’analyse de la demande, l’évolution des comportements et la qualité des services.
Le Maroc a aussi, a t-Il ajouté, compris que pour rester compétitif, il faut être agile et proactif. C’est tout le sens de la « Banque de Projets Touristiques » et du programme Go Siyaha, qui accompagnent les investisseurs et incubent les entrepreneurs régionaux. À travers un cadre incitatif rénové (nouvelle charte de l’investissement), l’État oriente les capitaux vers des projets à fort impact territorial. La logique n’est plus simplement quantitative : elle devient qualitative, inclusive et prospective.
Enfin, il convient de souligner -comme l’a rappelé avec justesse M. Yann Dolleans en modérant cette rencontre- que cette performance repose sur un socle souvent silencieux mais essentiel : la stabilité politique, sécuritaire et institutionnelle du Royaume. Cette stabilité, conjuguée à une volonté de réforme continue, donne au Maroc un avantage structurel dans une région marquée par les incertitudes.
Loin d’être une simple vitrine de résultats, la réunion de la CFCIM était une démonstration méthodique de l’émergence d’un modèle marocain du tourisme. Un modèle hybride, fondé sur l’articulation entre performance économique, cohésion sociale, innovation durable et ancrage territorial. Un modèle qui s’autorise à penser grand /26 millions de touristes d’ici 2030, 200 000 emplois créés, 120 milliards de dirhams de recettes- mais qui n’oublie pas que la vraie richesse d’un secteur réside dans sa capacité à transformer les territoires, à valoriser les savoir-faire locaux et à créer du lien humain.
Comme quoi, le tourisme marocain n’est plus simplement un secteur. Il est devenu un levier stratégique de transformation nationale.